Comment as-tu aimé ?

Comment as-tu aimé ?

Nous cherchons parfois à vivre des expériences spirituelles fortes. Pour cela on fait des stages, on s’adonne à des pratiques méditatives, on étudie des disciplines avec ardeur, on traverse des phases ascétiques, on jeûne, on prie, on s’isole dans le silence… Toutes ces techniques ont leurs effets sur notre vie. Elles nous font évoluer en nous polissant comme une pierre.

Elles représentent pour moi la voie lente de la spiritualité. Il y a une voie plus rapide qui permet de vivre de grandes expériences spirituelles et qui ne demande pas particulièrement d’entraînement ou d’exercice, mais juste de se rappeler l’essentiel, celui qui est invisible pour les yeux. On ne voit bien qu’avec le cœur.

J’ai lu vers 17 ou 18 ans, « La Vie après la Vie » de Raymond Moody. Cet homme est celui qui a fait connaître les expériences de mort imminente (NDE) au monde occidental. A la suite de cette lecture il m’est resté gravé en mémoire un fait récurent qu’il relate chez les personnes qui sont revenues d’entre les morts. Quand elles se sont retrouvées devant L’Être de Lumière, ce dernier leur a posé une question, toujours la même : « Comment as-tu aimé ? », puis leur vie a défilé devant leurs yeux pour qu’elles puissent l’observer par elles-mêmes et ressentir la réponse à cette question. Depuis 30 ans, je me rappelle cette phrase dans ma vie. Je me rappelle ce que j’aimerais que ma vie exprime par rapport à cette question « Comment as-tu aimé ? ». Je me dis que j’aimerais être fier de regarder ma vie défiler devant moi face à ce questionnement. Je me dis et je sens que c’est la chose la plus importante de ma vie.

Je me suis très largement planté un nombre incalculable de fois dans ma vie et je ne m’illusionne pas sur le fait que le jour du grand bilan, je serai bien triste de ressentir toutes les souffrances dont j’ai été la cause. Je continue à me planter régulièrement, à manquer d’amour dans des situations de vie, à me faire prendre par des peurs. J’en suis conscient et j’ai le sentiment que j’arrive petit à petit à mettre plus d’amour véritable. Qu’importe ce qui fut fait, chaque jour qui passe est une occasion supplémentaire de mettre plus d’amour dans mon existence, de rééquilibrer cette balance et de me sentir au mieux possible avec cette question avant de quitter ce monde : « Comment as-tu aimé ? »

La voie rapide de la spiritualité, ce ne sont pas les exercices ascétiques et les sensations qui les accompagnent, mais la conscience de ce questionnement en nous-mêmes. J’ai vécu il y a quelques jours une situation de vie qui me l’a fait vivre de manière intense.

Je marchais sur le quai du métro quand un jeune homme tout transpirant m’accosta pour me demander quelques pièces. Il avait l’air paniqué et épuisé. Il devait avoir une vingtaine d’années. Sa manière maladroite et son allure me firent d’abord un peu peur. Après un moment de recul, je fouillais dans mon porte-monnaie et lui donnais une pièce en m’excusant d’avoir peu de monnaie, ce qui était à moitié vrai puisque je gardais une dernière pièce « au cas où je rencontrerais une autre personne qui mendie sur mon trajet ». Quand on observe nos pensées on n’est parfois pas très fier… Il prit la pièce et alla s’asseoir dans un coin sombre sur le quai à l’abri des regards. Il avait visiblement honte de lui.

Le métro arriva. Quelques seconde plus tard, le jeune homme, qui était monté en même temps que moi dans la rame, se mit à parler à voix haute et forte pour attirer l’attention des voyageurs. Il y avait dans sa voix le désespoir et en même temps la force. Il demandait quelques pièces pour dormir à l’hôtel ce soir là. Il lui fallait 20 euros pour se payer une chambre d’hôtel. Il expliqua sa situation en disant que son père l’avait chassé de chez lui parce qu’il avait le sida. Il avait l’air épuisé. Il était 19h30, il semblait désespéré de ne pas encore avoir réuni cette somme. A ce moment là, je n’eus aucun doute sur sa sincérité et je pris conscience de ma mesquinerie sur le quai. Quand il s’avança vers moi, une part de moi-même était en train de se dire « Mais est-ce que cette histoire est bien vraie ? » « Et si il mentait ? » et blablabla et blablabla… Quelque chose m’avait touché et je ne pouvais ignorer ce que je sentais au fond de moi, cette désespérance. Je ressortis mon porte-monnaie et pris un billet de 20 euros et lui donna le plus vite possible pour éviter qu’une pensée bizarre me retienne. Il fut surpris par mon geste. Je l’étais moi-même. En un éclair de temps, il prit le billet, je sentis instantanément sa surprise, son soulagement et sa gratitude. Tout cela en un éclair de temps. Je sentais ces choses et en même temps je reçus un genre de choc électrique dans le cœur, comme une décharge très forte mais qui était agréable. Elle venait de son cœur à lui et était reliée au mien. Je l’avais ressentie l’espace d’une micro seconde en lui et en moi. C’était une sensation très précise, la localisation de cet éclair qui nous avait traversé était très précise. Je me sentais bien, je me sentais vivant.

Il était trop souffrant pour sourire. Il alla s’assoir et se reposa quelques minutes jusqu’à ce qu’il eut atteint sa destination. En quittant la rame, il me remercia. Là, nous pûmes échanger un sourire. J’avais encore le cœur rempli d’amour. Pas du mien, ni du sien, mais de cette énergie d’amour universel qui nous avait traversés tous les deux.

L’amour ne peut pas être possédé. On ne peut pas le retenir, on ne peut même pas le produire. Tous les efforts du monde ne produiront jamais le plus petit gramme d’amour. Personne ne peut en avoir plus qu’un autre. Le riche et le mendiant ont la même capacité d’aimer. Parce que l’amour ne peut se contenir. On peut seulement l’accueillir, l’accepter, lui faire confiance, le ressentir, le laisser s’écouler et le partager. C’est comme un flot d’énergie qui nous vitalise et nous fait du bien et nous sommes comme des vannes qui peuvent s’ouvrir et se fermer. Le corps est à l’image de l’esprit. Le cœur est un organe qui pompe le flux sanguin vital, il est lui même fait de valves qui s’ouvrent et se ferment. Le sang n’appartient pas au cœur pas plus que nous ne pouvons posséder l’amour, mais nous pouvons le laisser s’écouler, le partager, nous relier les uns aux autres dans ce partage et cette communion.

Il n’est pas besoin de faire des exercices pour cela. Juste nous rappeler que la seule question qui nous sera demandée est « Comment as tu aimé ? »

par Tristan

Source: http://astrologie-autrement.com/

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