Accepter la solitude
Nous sommes toujours seuls.
Chacun naît seul, vit seul et meurt seul.
La réelle maturité commence le jour où l’on se sent l’auteur et l’acteur de son existence.
Il existe peu de certitudes dans la vie. La mort constitue la première : tous voudraient bien l’éviter, mais elle est inexorable. Une autre certitude que tous, ou presque, cherchent à fuir est le fait que nous sommes tous condamnés à vivre seuls à l’intérieur du corps que nous avons. Nous sommes donc assurés de passer le reste de notre vie avec nous-mêmes. Moins nous nous aimons, plus nous recherchons l’amour de l’autre, des autres, comme si le fait de trouver l’illusoire « âme sœur » pouvait nous sortir de la solitude. Or, il n’y a pire solitude que celle que l’on peut vivre à deux.
Nous sommes seuls, et le plus tôt nous l’acceptons, le plus tôt nous pouvons apprendre à vivre heureux avec nous-mêmes, en devenant pour nous notre meilleur ami, notre meilleur amoureux.
Nous aimant, nous aimantons les autres. Pour trouver l’autre, il faut donc partir à la recherche de soi. Or, cette recherche ne peut se faire que dans le silence et la solitude.
Certes, des moments de fusion passionnelle peuvent parfois exorciser notre sentiment de solitude et surtout notre peur de la solitude, mais la passion ne dure jamais qu’un temps et nous retrouvons immanquablement notre solitude, notre état étant d’être unique, et donc seul.
Nous sommes toujours seuls. Chacun naît seul, vit seul et meurt seul. La réelle maturité commence le jour où l’on se sent l’auteur et l’acteur de son existence, le jour où l’on cesse de reporter la responsabilité de sa vie sur autrui, le jour où l’on n’attend plus rien d’autrui, mais où l’on profite de tout ce que l’on possède, de tout ce que nous sommes et de tout ce qu’autrui nous offre. Je deviens adulte le jour où je considère mon partenaire comme un invité tout à fait spécial dans ma vie et que je me considère comme tel pour lui.
Pourtant, la majorité des gens panique à l’idée de vivre seul, car, pour eux, solitude égale isolement ou enfermement, alors qu’elle est une ouverture sur la vie intérieure et la créativité. C’est pour fuir l’isolement que les gens vont dans des églises, s’impliquent socialement, regardent la télévision, écoutent la radio, font du clavardage dans leurs réseaux sociaux, vont dans les discothèques…
Pour vivre heureux à deux, il faut apprendre à vivre heureux seul. Le bonheur n’est pas associé à l’état civil. J’espère que cette réflexion vous permettra de mieux apprécier ces doux moments que vous passez avec vous-mêmes et de le faire avec une sensation d’extase renouvelée.
Yvon Dallaire – Journal de Mtl 2012
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