Anxiété : La peur d’avoir peur

Anxiété : La peur d’avoir peur

L’anxiété est une proche voisine du stress. Et comme ce dernier, elle n’est pas sans conséquence sur la santé générale des individus.

Valentina Munoz est psychologue clinique et doit régulièrement composer avec des patients qui souffrent de troubles anxieux.

La différence avec de la simple anxiété, qui elle est normale? « C’est lorsque ça devient dysfonctionnel, que la réponse d’alarme qui est une manière de nous adapter aux situations stressantes, changeantes et dangereuses, est exagérée », explique-t-elle.

S’il est attendu que nos habitudes prennent la tangente pendant une certaine période après un épisode de vie traumatisant, comme un deuil, la perte d’un emploi ou une peine d’amour, il est aussi possible que certaines personnes développent une aversion aux sentiments désagréables qui accompagnent ces moments de détresse, et en fassent littéralement une maladie.

« C’est quand les gens se mettent à changer leur manière de vivre, à éviter certaines situations et perdent la perspective de ce qui est important pour eux que là, on a un problème de trouble anxieux, parce que l’anxiété, alors, n’est plus seulement une réponse d’adaptation », explique la psychologue. Elle devient un handicap.

Se conter des peurs

Le trouble anxieux, c’est donc la peur d’avoir peur. La crainte de reproduire une situation qui provoque des sentiments désagréables, par exemple. Ou l’anticipation d’une situation fictive, à laquelle on imagine un dénouement plus ou moins funeste, et qui nous fait craindre le pire.

Même s’il est bien peu probable que ce pire advienne.

« Le problème, explique la psychologue, c’est que notre cerveau ne fait pas la différence entre le danger réel et perçu. Si bien qu’on peut le convaincre assez facilement que quelque chose qui n’existe pas vraiment est tout de même dangereux pour nous, ou pour les autres. »

Elle prend l’exemple des crises de panique. 30% des individus en sont victime au moins une fois dans leur vie. Et si elles surviennent sur un pont ou dans le métro, les personnes souffrant de trouble anxieux fuiront ces endroits qu’ils ont associés à leur crise, de peur d’en revivre une.

Ils adoptent alors ces manœuvres d’évitement qui modifient le cours de leur vie, et qui peut même parfois les priver de ce qu’ils aiment.

Apprendre à vivre avec les sentiments

L’ennui, c’est que nous vivons dans une société où l’on tolère de moins en moins les situations désagréables. Et qu’il existe des solutions assez facile pour les éviter : la médication.

« Les gens sentent de l’anxiété, ils trouvent ça terrible, et ils ne veulent pas revivre ça, explique la clinicienne. Il faut leur faire comprendre que ce n’est pas agréable, mais que ce n’est pas non plus la fin du monde, et qu’en évitant toujours ce qui nous fait peur, on alimente notre problème ».

À l’évocation de la médication comme d’une béquille, madame Munoz adopte la comparaison. Mais elle précise qu’elle comprend bien la situation des médecins qui les prescrivent comme des patients en détresse qui en réclament. « Dans les cabinets, les médecins de famille ne peuvent pas passer une heure avec les patients. Et voir un psychologue, ça peut coûter cher, ou il faut attendre très longtemps dans le réseau public. Les médicaments peuvent servir de point de départ, mais il faut apprendre à s’en défaire. Surtout si on ne les utilise même pas. J’ai des patients qui ont leur Ativan [un anxiolytique] dans leurs poches depuis 10 ans, sans l’utiliser. Alors il faut trouver le moyen de se défaire de cette béquille, oui. »

http://notresante.ca

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