Apprendre à masser, apprendre à aimer

Apprendre à masser, apprendre à aimer

Alors que fleurissent les manuels de massages érotiques et autres Kâmasûtra de poche, nous comprenons l’importance des rituels entourant les relations intimes et se faisant les messagers de nos sentiments à l’égard de notre partenaire.

Le corps interdit

Toucher est dans nos sociétés un tabou. Aux croisements un peu trop proches dans le métro ou dans les couloirs de nos espaces de travail, nous répondons par des regards noirs et un sentiment d’intrusion. Le toucher autrefois fondamental a progressivement été remplacé par le voir. Le corps est ainsi de plus en plus une image. Nous sommes passés du théâtre au cinéma et l’ère du numérique ouvre la voie d’une dématérialisation toujours plus poussée. Le corps perd de sa matière, le charnel est repoussé dans les alcôves où nous réalisons nos fantasmes, principalement la chambre à coucher. Sous prétexte de tout montrer, nous vivons désormais dans un monde où le sensuel ne devrait avoir cours ou sinon être voilé.

Le massage

Or, masser c’est entrer volontairement en contact avec le corps de l’autre pour lui procurer de la détente, du bien-être voire du plaisir. C’est une action délibérée d’ouverture à l’autre pendant laquelle nous sommes à la recherche de sa satisfaction. Pour être agréable, le massage nécessite un contexte, un cadre qui concourent tout autant que les gestes à l’échange entre les êtres. Les huiles parfumées, les lumières douces sont des éléments qui permettent à l’instant de sortir de la banalité du quotidien. Ils sont les preuves que pour une fois nous prenons le temps de nous ouvrir à l’autre. Nous lui proposons qu’il s’ouvre alors en retour pour que l’échange puisse avoir lieu. Le massage comprend toujours une certaine volupté, un certain érotisme, son objectif étant in fine le plaisir de donner et de recevoir.

Le temps de l’érotisme

Prendre le temps de masser, d’apprendre ce qui détend l’autre et lui fait plaisir est le premier pas d’un érotisme retrouvé. Toutes les philosophies orientales aux sources du massage et surtout du massage érotique accordent une place particulière au temps. Délasser les corps, les ouvrir pour qu’ils accueillent le plaisir prend du temps et impose que nous sortions de l’urgence dans laquelle nous vivons le plus souvent. Masser l’autre c’est lire son livre personnel, écouter ce que son corps nous dit. Loin de demander des compétences particulières, effleurer pour ressentir les tensions, les nœuds inscrits dans la chair ouvre toujours le dialogue. A l’évocation d’une raideur, d’un point douloureux nous nous mettons tous à en dire beaucoup plus sur nous-mêmes.

Un autre langage

En caressant l’autre, en le massant nous lui montrons que nous lui accordons notre attention et que nous sommes tout entier dirigé vers lui (ou elle).Par ce toucher, nous entrons en communication. De plus, nous faisons exister des lieux du corps de l’autre qui pleins d’histoire ont pu être délaissés voire oubliés. Progressivement, le massage contourne les barrières que nous mettons entre nos corps et le monde extérieur et libère nos esprits.

Par le respect qu’il dénote, il prouve que nous tenons à notre partenaire qui n’est pas une personne comme les autres. De plus, dans un moment où la sensualité est au premier plan, le jeu des corps est plus adapté que les mots qui sont une entrave à l’expérience sensible. Ainsi, nous avons tous fait l’expérience du moment délicieux où, à court de mots sensés nous protéger, nous nous sommes voluptueusement laissés aller à un baiser ou à un frôlement qui exprimait mieux les sentiments que nous ne savions pas dire.

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