Ils ont traversé la lumière

Ils ont traversé la lumière

« J’étais étudiante, je venais de finir mes examens, raconte Nadège. Je me sentais un peu vide et triste. Tout à coup, ma respiration s’est accélérée, je me suis sentie monter de plus en plus haut, jusqu’à atteindre une extase spirituelle totale. J’étais en symbiose avec l’univers, aimantée par une lumière, un condensé d’amour et d’unité. Dans ce voyage, j’ai vu des personnes former une ronde. Elles m’ont invitée à les rejoindre. J’ai alors eu l’impression d’être le maillon d’une chaine d’harmonie parfaite. »

Une expérience similaire peut surgir sans crier gare, chez n’importe qui, à n’importe quel âge, à des moments inattendus. Une nuit, au fond de son lit. Dans une église, en excursion touristique. En fin d’après-midi, face au soleil couchant. Au bac à sable, avec son enfant… Tout à coup, une brèche s’ouvre, la conscience s’élargit, les frontières de l’être s’estompent, l’espace et le temps se dissolvent, un sentiment de paix et de plénitude nous envahit, la conviction intime d’être unis à tout l’univers nous saisit.

Un changement d’état de conscience

Béatitude, fluidité, communion, bonheur suprême, amour absolu… Pour expliquer le moment, les mots manquent souvent, « notamment pour décrire la sensation paradoxale de toucher du doigt à la fois le tout et le rien, le vide et le plein, la fin et le commencement », indique la psychologue Stéphanie Rajalu, du réseau d’écoute de l’INREES. Surprenante aussi : l’expression de percer le voile des apparences et de s’éveiller à l’essence des choses. Que touche t on alors : le divin ? Une part de soi-même ? Un phénomène extérieur ? Une dimension du réel d’ordinaire inaccessible ? S’agit il d’une révélation ? D’un rêve éveillé ? D’une hallucination ? « C’est un état modifié de conscience », répond le médecin Alain Tayeg, du réseau d’écoute de l’INREES. « Ces moments de transcendance, aussi spectaculaires soient-ils, soit courants. Même si on ne connaît pas leur nature exacte, ils font partie de l’humain. » Généralement lumineux, ils peuvent bouleverser par leur soudaineté et leur intensité. « Ces vécus sont faciles à intégrer lorsqu’ils s’inscrivent dans un cadre qui leur donne un sens – tel que la pratique d’une spiritualité, du yoga, ou de la méditation », commente Stéphanie Rajalu. « Mais ils peuvent aussi surgir comme par effraction, à l’occasion par exemple d’un choc émotionnel, de difficultés personnelles ou professionnelles. »

Un événement bouleversant

Qu’ai-je vécu ? Pourquoi ? S’en ouvrir à ses proches n’est pas toujours aisé ; c’est courir le risque de se heurter au scepticisme et aux moqueries, voire de passer pour un fou. « La manière dont le récit est accueilli fait la différence, indique Stéphanie Rajalu. La personne qui s’interroge a besoin d’une écoute positive. Sinon, l’expérience risquera de devenir douloureuse », entrainant la peur, le déni, ou l’isolement. « Le partage est essentiel », confirme Alain Tayeg. Face à ce type d’événement, la première nécessité, « c’est de se poser. Mettre de côtés ses préjugé pour reconnaître ce que l’on a vécu, tout en acceptant de ne pas avoir d’explication. Puis en parler, car en mettant des mots, on banalise, on clarifie, on crée un contexte qui aide à l’exploration extérieure. » Car ces moments, si on ne les laisse pas nous déborder et nous déconnecter de la réalité matérielle, sont une opportunité d’évolution. Que révèlent-ils de notre situation ? Qu’ont-ils à nous apprendre sur nous, sur le monde ? « L’expérience n’est pas un objet en soi, à triturer ou vénérer ; c’est un signal, dit Alain Tayeg. Il ne faut pas s’y accrocher, mais s’en dégager pour tacher d’en trouver le sens. »

Une renaissance

Comme le début d’un chemin, vers une meilleure qualité d’être et « plus de joie au quotidien », dit Stéphanie Rajalu. « Ressentez, explorez », conseille Alain Tayeg. Au besoin, « lisez États modifiés de conscience, de Sylvie Déthiollaz, un ouvrage réconfortant ». Ou parlez-en à un professionnel formé, qui saura écouter, rassurer et accompagner « avec neutralité et bienveillance ». Sans perdre de vue qu’au final, «c’est vous qui trouverez le sens de ce que vous vivez. La seule vérité qui compte, dans ce domaine, c’est celle qui vous sera utile ». Transcender son être pour mieux le redéfinir ? Une fois traversée, l’expérience est souvent perçue comme « un cadeau ». Une renaissance – à soi, au monde. Un moyen de se nourrir intérieurement, de dépasser certains vécus pour mieux se connaître intimement et avancer avec ouverture et confiance vers plus de cohérence, de lien et de sens.

Conscience élargie

« C’était en 1990, j’étais en formation. À l’époque, j’avais de gros soucis, professionnels comme personnels. Au dîner, la conversation avait tourné autour de mes problèmes, ce qui m’avait pas mal remué. De retour dans ma chambre, impossible de fermer l’oeil. Je me plonge dans un livre d’Arnaud Desjardins. Au matin, profitant du beau temps, je pars faire un footing. Et là, m’envahit un sentiment d’unité : je ne suis pas que moi, je suis tout le reste. Deux jours plus tard, nouveau choc : je sais à l’avance ce que va dire la formatrice. Comme si mes capacités s’étaient décuplées, comme si mes peurs étaient tombées pour que s’exprime mon plein potentiel. Ma faculté de précognition a duré 3 mois, puis elle s’est estompée. Cette expérience m’a fait comprendre que je pouvais vivre de manière plus consciente, moins mécanique. Elle m’a ouvert à une approche plus spirituelle du monde.« – Jérôme

Lumière mystique

« J’avais une vingtaine d’années, j’étais militaire de carrière – le métier dont je rêvais. Après quelques jours de vacances au Club Med de Corfou, tournant un peu en rond, je décide de participer à une excursion au Grand Météore, un monastère orthodoxe perché au sommet d’un impressionnant piton rocheux – appelé aussi le monastère de la Transfiguration… À l’intérieur, une porte mène à une petite église. Sous son plafond voûté, je sens une lumière m’envelopper, sécurisante, puissante mais pas éblouissante. Le temps s’arrête. Quand je reprends conscience, je dois courir pour rattraper le groupe ! En redescendant, me vient à l’esprit qu’il faut que je change tout : mes excès, ma manière de me comporter, de me nourrir… Habité d’une force irrépressible, je romps mon contrat avec l’armée et débute un long chemin vers moi-même, qui m’amènera à devenir thérapeute. Dans la religion orthodoxe, ce phénomène de retournement intérieur est connu sous le nom de métanoïa. Dans cette église, d’autres l’ont vécu avant moi. Le savoir m’a aidé à me dire que je n’étais pas fou.« – Pierre

Ascension céleste

« C’était il y a 27 ans, je faisais l’amour avec mon ami. Juste après l’orgasme, je nous ai senti quitter notre corps par la tête, puis être propulsés à une vitesse faramineuse dans l’espace. Au fil de cette ascension, j’ai été envahie d’un sentiment de plénitude absolue, d’harmonie et de communion avec l’univers. Je me disais : « Ouf, c’est terminé, je rentre chez moi. » J’ai vu mon ami s’engouffrer quelque part, mais impossible pour moi d’aller plus loin : une sorte de sage m’a arrêtée et m’a dit que je devais redescendre – ma fille m’attendait. Le lendemain, mon ami était mort. Cette histoire a impacté ma vie : j’ai suivi une psychanalyse, repris mes études, suis devenue psychologue analyste, ce qui m’a ramenée à une approche plus cartésienne… Jusqu’à ce que tout ressurgisse au décès de mon père.« – Muriel

Flot d’amour

« Pendant longtemps, je ne me suis pas sentie à ma place sur la Terre : je ne comprenais rien à cette société, à ses codes. Il y a 5 ans, j’étais presque au bout du rouleau, ma vie était très compliquée, de terribles douleurs dans le ventre me tourmentaient. J’ai fini par demander de l’aide « là-haut »… Peu de temps après, j’ai rencontré une magnétiseuse. Dès que ses mains sont passées au dessus de mon ventre, je me suis mise à pleurer, pleurer, pleurer, sans savoir pourquoi. Mon mari, très cartésien, était à mes côtés ; il n’en revenait pas. Un flot d’amour parcourait mon corps de la tête aux pieds. Je me sentais divinement bien. En recevant cet amour là, je me suis dit que si tout le monde faisait l’expérience, il n’y aurait plus de guerre ! Cela aurait pu m’isoler encore plus, mais au contraire ça m’a aidée à vivre, à vaincre mes peurs et trouver enfin ma voie. » – Brigitte

source : http://www.inrees.com/

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