Incarnation, culpabilité et jugement
par Guilaine Lipski
Je lis une petite phrase dans un message : « Vous ne trouvez pas que la vie sur terre est déjà assez difficile ? »
C’est aussitôt un feu d’artifice en moi, le film commence : Mais bien sûr, la culpabilité n’a aucune raison d’être dans notre vie, aucune légitimité dans le temps sur le plan de l’âme !
La culpabilité nous immobilise dans un schéma de restriction sans horizon, un statu-quo nocif comme si l’erreur n’était point permise, ni acceptable.
Elle est un tremplin, un moyen, un commencement, un ticket gagnant pour évoluer ou pour se libérer d’une mémoire de chagrin, un signe que nous avons une conscience (le comportement manipulateur pervers narcissique ne culpabilise pas) un barreau de l’échelle évolutive, elle peut être un karma mais sûrement pas une finalité, un arrêt sur image, un puit sans fond où l’on stagne ou bien l’errance à vie d’un cœur chahuté.
Toute fois elle peut nous apprendre l’humilité, elle a au moins cet avantage mais elle reste une expérience à dépasser car l’ignorer serait pire que le mal. La souffrance non reconnue en conscience et quelle que soit sa forme, son nom, devient tel un intrus, un abcès qui grandit et peut finir par prendre beaucoup de place en nous, aura besoin de se nourrir (nous volant notre énergie) et attirera à lui ce qu’il est c’est-à-dire des situations similaires sous des formes diverses et variées mais dont le fond sera toujours identique.
Le film continue, je vois maintenant la valeur d’oser s’incarner, d’oublier qui nous sommes, toute la souffrance de l’enfance et les difficultés de la vie ensuite découlant de notre état coupé de l’Esprit. Plus que tout je ressens combien nous devons aimer ce que nous ne savons pas être et faire, combien nous sommes méritants parce que dépendants et conditionnés par la matrice.
Puis la colère se présente, je réalise qu’elle est due à notre complète identification aux jeux de rôles, à une situation donnée et combien tous les sentiments de trahison, abandon, injustice, humiliation, rejet sont appropriés pour s’immerger dans le jeu humain et vivre cette expérience sur terre, pour de vrai !
Sans eux, aucune leçon, aucun apprentissage et nous devrions culpabiliser de les expérimenter, de rater ce que nous sommes en train de vivre pour apprendre ? Apprendre justement à en sortir !
Pour sortir de quelque chose il faut bien être plongé dedans, non ?
Tester nos failles nous demande d’être en situation pour cela.
Reconnaître nos limitations pour les dépasser est un acte de conscience qui a besoin de ces mises en situation. Le choix de voir ou pas ensuite nous appartient …
Dans une situation conflictuelle, grandir demande beaucoup de détermination et passe par cette fraction de seconde où l’on choisit de faire taire l’égo, de ne plus être sa marionnette, de refuser la réaction habituelle. Pour beaucoup cela reste un passage extrêmement difficile, il est pourtant le passe qui ouvre la suite.
Le Chemin prend vie, l’évolution se fait à l’intérieur de nous grâce à tous ces états, ces sentiments difficiles, quand ils sont présents c’est que nous sommes en travail ! RIEN de plus.
Accueillir et reconnaître sans juger afin de se mettre en capacité d’accepter ce qui est. Ce n’est pas inné c’est sûr ! Mais cela peut devenir un acquis, un muscle que l’on travaille et qui prend forme avec le temps.
Là où se trouve notre difficulté se trouve notre ouvrage et personne ne peut le faire à notre place, ce qui est cristallisé en nous a besoin de sortir. Vivre le sentiment, l’émotion en conscience c’est libérer en partie ou en totalité parfois la blessure.
Les règles et les dogmes religieux censés protéger les humains les enterrent en fait dans le jugement de soi et la culpabilité (fait exprès d’ailleurs je pense pour abandonner son pouvoir à quelqu’un qui sait, croyons-nous !).
Tous ces sentiments dont la colère sont non seulement légitimes mais UTILES ET NECESSAIRES pour expérimenter toutes sortes de situations et surtout apprendre à les quitter.
Comment apprendre sans expérimenter et comment vivre une finalité sans s’offrir les moyens pour y arriver ?
Ces moyens justement sont tous ces états que nous jugeons inadéquates….
La connaissance intellectuelle ne sert de rien pour changer, elle est un atout mais l’expérience seule permet de labourer nos terres intérieures laissées en friches.
Grandir c’est accepter de revisiter notre version du passé et les impasses qui surgissent dans notre présent.
Regarder avec humilité : ok, c’est vrai, je n’ai pas su, je n’ai pas pu, j’envoie tout mon amour à ces parties de moi en devenir, toute ma tendresse et maintenant, je fais quoi, je choisis quoi ?
Que puis-je faire pour moi, pour elles ?
Nous sommes venus pour croire… un temps….que tout est réel et jouer pour de vrai !
Alors quelque chose se délite en moi, je me détache des regrets, des remords, de tout ce que j’ai jugé : mal, nocif, non approprié. Même ma plus grande colère contre la Source était bonne pour expérimenter donc connaître l’état de séparation et mes autres colères légitimes pour un cœur immature.
Mes « erreurs » à l’égard de mes enfants devenaient utiles pour eux, eux aussi avaient besoin d’une mise en scène dans l’enfance propice pour servir de terreau à leur construction future.
Il n’y a rien à jeter, changer (qui n’aurait pas dû être), juger….juste aimer toutes ces parties de nous en apprentis-sage.
La colère croit toujours avoir de bonnes raisons, c’est sa réalité du MOMENT….devenir pour elle la maman qu’elle n’a pas eue parce que la colère est toujours une souffrance qui ne trouve pas les mots pour se dire, se raconter….par orgueil, par honte, par incapacité de trouver les mots ou par sentiment d’impuissance à identifier ce qui est touché en nous.
Le film intérieur se termine, il m’est montré combien les humains sont facilement réactifs à tout âge à cause de l’immaturité de leur cœur et toutes leurs réactions sont parfaites un temps, le temps dont elles ont besoin pour évoluer. Nous sommes là pour ça.
Grandir, c’est sortir de ce jeu d’identification, du petit je pour entrer dans le grand jeu universel où tout a sa raison d’être et constater que le plus important est ce que nous savons lâcher de notre petit je. Cependant, tant que nous y sommes, c’est ok.
Quelque chose s’est posé en moi, j’ai ressenti combien notre ombre a besoin de recevoir un amour sans conditions, elle le mérite, ces parties de nous sont tellement désemparées, elles ont tant à apprendre parfois. Elles peuvent revenir de si loin.
Vous rappelez vous de l’histoire de votre âme ? Alors JOKER….ne les jugez pas, ne vous jugez pas….de quel droit ?
Sommes-nous si élevés dans la conscience que nous puissions voir l’ensemble de la situation et l’apprécier à sa juste valeur ?
Et si pour certains, juste : reconnaître, accepter de voir était un saut de géant…parce que derrière un grand orgueil peut se cacher une grande souffrance….
Nos sentiments, nos incapacités, allons-nous les rabrouer, tenter de les étouffer ou plutôt leur tendre la main avec tendresse et fermeté dans nos choix pour les aider à se relever ?
Qu’allons-nous faire d’eux, de nous ?
Facilité (pour un temps) ou courage pour générer des lendemains plus paisibles ?
Oui je sais, le corps de souffrance a besoin de se nourrir mais est-ce tellement confortable que nous choisissions d’y rester ?
Et si on prenait des vacances de ce que l’on croit être pour s’aimer sans conditions et se remercier d’être là pour le meilleur et surtout pour le pire parfois.…
De cœur à cœur
Guilaine
Source: http://lapressegalactique.org