La vertu et le chemin de croix

La vertu et le chemin de croix

Bonjour à tous,

En transit entre deux projets de coopération internationale, je reviens vers vous pour vous partager une expérience spirituelle parmi les plus stimulantes qu’il m’ait été donné de vivre jusqu’à présent dans cette incarnation. Je vous la partage dans le but de stimuler votre propre parcours d’éveil.Quand j’ai débuté mon cheminement spirituel, l’une des premières choses que j’ai apprises est que nous avons tous expérimenté, à divers degrés, des états de conscience expansifs, et d’autres beaucoup plus lourds, qui ont été vécus alors que nous étions, en apparence, déconnectés de notre lumière.

Je dis «en apparence», car en réalité, il est impossible de vraiment se séparer de l’être de lumière que nous sommes. Mais durant l’incarnation, l’illusion de cette sensation de séparation nous paraît bien réelle.

J’ai appris que nous avons vécu des vies d’amour et de partage, mais aussi que nous avons eu d’autres expériences plus lourdes qui nous ont traumatisés. Peu importe les rôles joués, que nous ayons été victimes ou bourreaux, certaines expériences passées continuent d’être ressenties intérieurement comme des éléments à oublier de nous-mêmes. Dans ce contexte, il peut être difficile de reconnaître que nous ayons été voleur-volé, abuseur-abusé, tueur-tué, violeur-violé, traitre-trahi, etc. Cette vérité peut faire peur à priori, mais paradoxalement, lorsqu’acceptée, elle libère d’un poids important. Elle permet de revisiter une croyance populaire qui suggère que pour «revenir à la maison de Dieu», il faille redevenir pur et parfait.

Culpabilité existentielle

Dans un écrit précédent, j’ai déjà raconté que le concept de péché originel provenait d’une impression que si nous faisions partie d’un Univers d’amour et de conscience, et qu’à un moment nous en avons été séparés – dans la sensation du moins – c’est probablement dû à quelque chose d’inapproprié que nous avons fait dans un passé lointain et qui nous a amenés à «mériter» notre sort. Nous avons ainsi cru que l’incarnation était une punition où il nous fallait «faire notre temps» en attendant de pouvoir revenir à la maison.

Le voyage sur terre, qui se voulait être une aventure permettant d’expérimenter l’oubli afin de mieux entreprendre le chemin du retour à la maison, s’est transformé en parcours du combattant ayant pour but de nous faire expier des péchés oubliés et de nous permettre de prouver notre valeur aux yeux de l’Univers. Cette distorsion a amené les humains à imaginer un Dieu punisseur extérieur qu’il fallait convaincre de notre dignité afin de pouvoir regagner notre place à ses côtés.

Plusieurs religions, qui dépeignent un Dieu sévère et exigeant, puisent leur idéologie dans cette conception de la vie. Elles sont inspirées par la pensée collective des humains qui transportent inconsciemment en eux une sensation de culpabilité existentielle. Celle-ci leur donne l’impression que l’incarnation est une période de probation qui sert à nous évaluer afin de pouvoir, un jour, obtenir la permission de regagner notre ciel. Le purgatoire est aussi un concept dérivé de cette interprétation.

Tyrans et conquérants

Cette sensation de culpabilité originelle a entraîné plusieurs êtres à s’éloigner toujours plus loin de leur propre lumière, car ils s’en sentaient indignes. Plus ils l’appelaient à eux afin de les aider à s’élever au-dessus de la densité, plus cette lumière soulevait leurs propres ombres en parallèle et éveillait leur sensation de culpabilité existentielle. Ceci venait brouiller encore plus leurs consciences, jusqu’au point où l’état d’esprit du collectif humain s’est abaissé plus bas que celui des animaux. Ces derniers vibrent instinctivement à la fréquence de l’amour universel – cela est aussi vrai pour les prédateurs – alors que l’humain, séparé de lui-même, perd de vue son essence divine.

Tout cela pour dire que dans ces états de séparation profonde, déconnectés de notre lumière, nous avons été naturellement attirés vers des expériences lourdes qui nous ont fait revêtir des manteaux de tyrans et de conquérants. Les lois karmiques étant en œuvre, nous avons par la suite expérimenté les effets de nos actions en incarnant les «autres côtés des médailles», pour comprendre l’ensemble du spectre vécu [note : je rappelle que le karma n’est pas une punition cosmique, mais bien une envie de l’Âme de comprendre – voir texte Le karma et les mémoires cellulaires].

J’ai souvent mentionné que tant que nos sociétés prennent en pitié les victimes et démonisent les tyrans, elles entretiennent les jeux de rôle et les polarités. Sans aucunement banaliser les drames vécus, les victimes d’aujourd’hui sont les bourreaux d’hier, et vice-versa. Donc tant qu’un être se maintient dans un état de victime, il entretient des jugements envers une partie de lui-même qu’il a déjà expérimenté (le bourreau) et avec laquelle il a de la difficulté à faire la paix. C’est d’ailleurs pour cela que tant de «victimes» revivent en boucle des situations d’agressions. Elles continuent de se polariser d’un seul côté de la médaille, oubliant de faire la paix intérieurement avec l’autre aspect, soit celui du «bourreau».

Pour guérir ces expériences plus lourdes et transformer les situations, il est certes essentiel d’accueillir toutes les émotions liées aux états d’impuissance (la victime). Mais une fois ces sensations vécues et ressenties pleinement, il est tout aussi fondamental de transformer son regard pour véritablement accepter de rencontrer «l’autre camp» (le bourreau) et de sentir qu’il fait aussi partie l’équation. Autrement, la guérison restera en surface.

Chemin de vertu

Mes années de pratique à accompagner les gens intuitivement vers la rencontre d’eux-mêmes m’a amené à constater que beaucoup d’êtres perçoivent l’évolution comme un chemin de vertu, s’imaginant que les plus avancés (lumineux) sont ceux et celles qui ont vécu les expériences les plus nobles. En réalité, le niveau d’évolution d’un être ne se mesure pas en fonction de la pureté de son vécu, mais selon sa capacité à aimer et à se laisser aimer. Via ses expériences, chacun est invité à vivre des états toujours plus amoureux de lui-même et des autres.

Un jour dans d’une méditation, j’ai contacté un ancien viking barbare [je suis conscient que ce mot suggère un jugement] qui se déplaçait en bande, de village en village, pour piller les paysans, tuer ceux qui résistaient et violer les femmes au passage. À priori, ce personnage m’effrayait et je ne comprenais pas pourquoi on me le montrait. À un moment, j’ai vu qu’il s’agissait de l’une de mes anciennes incarnations. Oups.

Lorsque j’ai compris cela, je me suis mis à observer cet être en tentant vraiment de le comprendre. Il m’était difficile de l’aimer, mais j’arrivais à tout le moins à m’ouvrir pour essayer de percer sa psyché. À un moment, je lui ai demandé pourquoi il violait les femmes. Sa réponse, d’une simplicité déconcertante, m’a scié en deux. Il a simplement répondu: «si je leur demande, elles vont dire non». Sa vie sexuelle avait donc été construite autour de la peur qu’une femme refuse ses avances. Craignant cela, il était devenu plus sécurisant pour lui de ne jamais demander la permission. Il se disait qu’ainsi, il ne vivrait jamais de rejet.

À première vue, cette conception de la vie ne peut fonctionner dans un monde évolué où le «vivre ensemble» est mis de l’avant. Mais si l’on oublie ce que nous sommes aujourd’hui et que l’on ne fait que rencontrer cet être où il est, sans le juger, nous comprenons qu’il faisait de son mieux avec ce qu’il était à ce moment. Pour lui, la peur d’être rejeté était ingérable et au lieu de la rencontrer, il a organisé sa vie pour la contourner. D’autres se referment sur eux comme des ermites ou se perdent dans des compensations destructrices (alcool, drogue, nourriture, etc.), alors que lui s’est servi de la violence pour éviter de rencontrer sa blessure. Le moyen est plus drastique, mais la blessure de rejet reste la même.

Une guérison profonde

Si je vous partage cela, ce n’est pas pour attirer la sympathie ni pour justifier ce personnage du passé, car la violence sous toutes ses formes n’est pas compatible avec l’expression amoureuse. Elle est plutôt l’action qu’entreprend un être lorsqu’il ne sait pas comment vivre et ressentir ses émotions contractées. Mais dans ce contexte, la première étape d’un rendez-vous amoureux avec soi consiste à accepter de rencontrer ce qui est pour ce qui est, et non pour ce que nous aimerions qui soit. L’amour inconditionnel demande de s’ouvrir à accueillir en totalité nos expériences passées, sans vouloir les embellir ni les modifier. C’est le premier pas d’une guérison profonde.

Quand nous comprenons que nous avons tout expérimenté, nous devenons moins exigeants envers nous-mêmes et les autres, car nous savons que chacun fait de son mieux avec ce qu’il est. Le chemin du retour à Dieu n’est pas une course au premier rendu ni à celui qui se présentera avec le plus de pureté. C’est un chemin d’accueil inconditionnel de ce qui est, ce qui a déjà été, et ce qui sera. C’est l’expression de l’amour dans sa plus parfaite forme.

Quand nous entreprenons un parcours de guérison profonde, nous sommes souvent amenés à rencontrer des dimensions de nous plus lourdes qui «cherchent notre amour». Certains s’étonnent de cela, mais il faut comprendre que les incarnations de «Mère Thérésa» que nous avons vécues ont toutes trouvé leur place en nous. Elles sont bien accueillies, car elles sont associées à des états de bienveillance, de douceur et de bonté. Il est donc facile de les intégrer. C’est avec les vies plus sombres qu’il nous est plus difficile de cohabiter.

S’identifier à son incarnation

Dans ma pratique d’accompagnement individuel, je me suis rendu compte que pour certaines personnes, il était plus difficile de rencontrer ces «vies d’inconscience», car la honte les rattrapait trop rapidement. Je me suis questionné sur cela et j’ai compris que plus une personne était identifiée à son incarnation, à ce qu’il croit être, plus il lui est difficile d’accueillir ses multiples réalités, car il n’arrive pas à dissocier son essence profonde divine de ses expériences vécues. Pour lui, c’est comme si son Âme et son Esprit étaient entachés par cela. Mais en réalité, ce que nous sommes n’a rien à voir avec ce que nous expérimentons sur terre.

Un jour, une mère est venue me voir avec son jeune fils, car il vivait des états de conscience qu’il lui était difficile de comprendre. Quand il est arrivé devant moi, je me suis demandé comment j’allais lui expliquer ce qu’est l’incarnation de façon à ce qu’il comprenne facilement. Je lui ai présenté un pot en vitre et lui ai demandé de mettre sa main à l’intérieur, ce qu’il a fait. Ensuite, je lui ai demandé d’entrer tout son bras dans le pot, pour par la suite pénétrer au complet.

Après ses tentatives infructueuses, le jeune homme s’est mis à rire en me disant qu’il n’était pas possible d’entrer au complet dans le pot. Je lui ai alors dit que ce pot représentait son corps physique et qu’en réalité, il y avait beaucoup plus de lui qui existait en dehors qu’à l’intérieur. En vérité, l’incarnation est une projection de l’Âme et de l’Esprit dans la matière. Une fois rendus, nous croyons que nous sommes cette partie projetée, mais en réalité, nous sommes l’Âme et l’Esprit qui expérimente le voyage sur terre. C’est le retour à cet état de conscience élargie que nous nommons la maîtrise.

J’ai compris que plus nous sommes identifiés à l’incarnation, plus il nous est difficile de vraiment rencontrer nos expériences actuelles et passées avec compassion, car le besoin de nous «embellir» prend trop rapidement le dessus. Nous aimerions être «déjà rendus» au lieu d’apprendre à apprécier le trajet pour ce qu’il est, soit un parcours d’évolution qui nous conduira tous, un jour ou l’autre, à la destination.

L’Univers vaste et infini

Les êtres qui pratiquent la méditation touchent à des états de conscience qui leur donnent de la perspective face à leur incarnation. Ils vivent des états seconds – parfois subtils et d’autres fois intenses – qui mettent en relief les expériences de vie qu’ils ont l’impression de regarder «de l’extérieur». Cette réalité parallèle offre au «voyageur de la conscience» un point de vue surprenant sur ce qui est vécu dans la matière.

Dans mon dernier voyage en terre africaine, alors que je touchais à des états méditatifs intenses en lien avec mon Âme et mon Esprit, je me suis mis à percevoir la verticalité de mon être, celle qui m’unissait à l’Univers vaste et infini. C’était une expérience très vive qui a contribué à renforcer ma relation avec Dieu (ce que nous sommes dans notre forme universelle).

Dans cette sensation de moi-même, quelque chose a attiré mon attention. Je me suis rendu compte qu’à partir de cette «station de moi-même», je n’avais jamais pris le temps de réellement contempler mon humain, la portion de moi qui a choisi, il y a de cela 47 ans, de se projeter dans l’incarnation pour vivre une vie sur terre. Durant mon chemin spirituel des 25 dernières années, j’ai touché à des états de conscience très larges, j’ai côtoyé des enseignants inspirants et vécu de grandes expériences initiatiques. Mais je n’avais jamais vraiment rencontré l’être incarné que je suis, celui qui «fait son possible avec ce qu’il est».

Dans cette sensation de moi-même, connecté à l’Univers, je me suis mis à contempler, à partir de mon cœur, chacune des étapes importantes de ma vie humaine. De cette station d’où je pouvais observer ma vie, je savais que je n’étais pas qu’un être humain. Celui-ci faisait partie de mon expression, mais il ne me définissait pas. Je pouvais ainsi accueillir chacune des expériences vécues et les contempler avec un regard de bienveillance envers moi-même, mais sans m’y identifier.

Voir la vie à travers le bocal

La main dans le pot est rattachée au corps, mais elle ne permet pas de définir ce que nous sommes. Même si nous voyons la vie à travers la vitre du bocal, nous sommes beaucoup plus que cela. Cette réalité n’est qu’une petite portion de notre être. Mais plus nous sommes identifiés à elle, plus nous voulons préserver sa réputation pour nous assurer qu’elle reste présentable. Ce souci de pureté rend difficile la véritable rencontre avec soi.

Quand j’ai pris le temps de visiter mes expériences passées, je captais cette phrase qui tournait en boucle à l’intérieur de moi: «à cette époque de ma vie, c’était le mieux que je pouvais faire». Si je m’étais rencontré à partir de ce que je suis aujourd’hui, il est évident que j’aurais critiqué mes choix et expériences passés, car je les aurais jugés inadéquates. Si c’était à refaire, plusieurs choses seraient vécues différemment. Mais c’est justement là le problème.

Comme je le mentionnais, quand on contemple un aspect de soi, il est fondamental de le rencontrer «pour ce qu’il est», et non pour ce que nous aimerions qu’il soit. Cette nuance est cruciale dans l’équation, car autrement, notre parcours devient un chemin de croix où nous avons l’impression que pour arriver à la fin, il nous faut redevenir purs et parfaits, en nous débarrassant des imperfections.

En réalité, nous sommes déjà rendus, car nous n’avons jamais quitté l’Univers. Mais ce qu’il manque à notre expérience terrestre pour ressentir notre connexion au tout, c’est l’amour inconditionnel de nous-mêmes envers nous-mêmes. Et l’amour des autres devient ensuite le prochain pas naturel. Mais comment aimer les autres, si l’on se juge soi-même.

Les émotions rattachées

Dans mon processus de guérison, j’ai contemplé les différentes expériences de ma vie, incluant celles que j’avais déjà visitées. À une époque, je croyais que si je revivais trop intensément des expériences passées, je les nourrirais et les amplifierais. Quand on devient conscient de la vie spirituelle en nous et autour de nous, il est tentant de considérer certains apprentissages uniquement d’un point de vue universel. Mais cela ne fait que nous déconnecter de l’humain que nous sommes.

Par exemple, si l’on a vécu un thème de trahison, il ne suffit pas de se dire que dans une autre vie, on a probablement été soi-même un traitre. En premier lieu, il faut rencontrer l’humain qui a souffert dans cette expérience, pour lui offrir de la compassion, un regard bienveillant, et lui permettre de vivre les émotions qui sont rattachées à l’expérience. À ce moment, il faut oublier nos concepts spirituels et se concentrer uniquement sur ce qui est.

En passant, une émotion doit se vivre DANS LE CORPS PHYSIQUE, et non pas à partir des nuages. Beaucoup de gens ne sont pas dans leur corps quand ils ressentent leurs émotions et ils ne comprennent pas pourquoi elles s’étirent le temps. En vérité, une émotion ne prend que quelques secondes à transiter. Si elles durent et se transforment en anxiété, c’est parce que l’être n’est pas ancré dans son corps pour la ressentir.

Les émotions lourdes créent des inconforts physiques et il est tentant de vouloir éviter de les ressentir en «attendant qu’elles passent». Mais cela ne fait qu’étirer le processus. Si vous sentez qu’une émotion est tenace et que l’énergie emmagasinée dans le plexus solaire ne semble pas vouloir se libérer, prenez conscience de vos ancrages et demandez d’être accompagné à «revenir dans votre corps». Une respiration lente et soutenue vous aidera dans ce processus. Ne vous concentrez pas sur l’émotion, portez plutôt votre attention sur votre corps et vos ancrages. Par elle-même, l’émotion se dégagera en soutenant votre respiration à partir du bas de votre ventre. Il est fondamental d’être bien incarné pour vivre ses émotions. Autrement, on ne fait que les effleurer et elles perdurent, pour s’inscrire ensuite en blocage dans le corps physique.

Un enfant et sa mère

Revenons maintenant au thème de trahison mentionné précédemment. Rencontrer l’humain qui a été trahi sera le premier pas vers une guérison durable. Ici, il ne s’agit pas de dialoguer avec la portion blessée pour la convaincre que l’expérience est un retour karmique. Bien que cela puisse être vrai, cette compréhension intellectuelle ne permettra pas une véritable rencontre. En vérité, il s’agit de ressentir la situation et d’y être totalement présent, sans dramatisation.

J’aime donner l’image d’un enfant qui souhaite montrer son dessin à sa mère. Dès qu’elle lui accorde une attention soutenue, l’enfant se sent reçu et après seulement quelques secondes, il «passe à autre chose». Mais si la mère résiste ou juge le dessin, elle ne fait qu’entretenir un drame et la lumière de la guérison ne peut circuler.

Une fois la rencontre effectuée, en ayant accepté de ressentir toutes les émotions rattachées à l’expérience, il devient alors intéressant de contempler la situation du point de vue de la bienveillance. C’est là que nous sommes invités à comprendre qu’à cette époque de notre vie, c’était le mieux que nous pouvions faire avec ce que nous étions. Et s’il existe encore du ressentiment envers la partie offensante, la compréhension spirituelle des choses devient alors un précieux allier, car elle permet de mettre en contexte et d’observer qu’à une autre époque, les sièges étaient inversés.

Si je juge l’agresseur, c’est une partie de moi que je juge. Au fond, la compassion consiste à comprendre que chacun, à partir de ce qu’il est et de ce qu’il a vécu, a fait de son mieux dans les circonstances. Peu importe la gravité des gestes et des situations, tous les acteurs ont fait ce qu’ils pouvaient avec ce qu’ils comprenaient de la vie.

Cette expérience de guérison avec moi-même n’a duré qu’environ une heure, mais elle a complètement transformé ma vision de la vie. De cette station de mon être, je pouvais observer chacune des étapes importantes de mon parcours terrestre et il m’était possible de poser un regard de compassion envers moi face à chacune des expériences vécues. Au lieu d’essayer inconsciemment de me racheter en tentant d’effacer mes faux pas, je pouvais voir comment mon humain avait besoin de mon regard bienveillant. Il se présentait comme un enfant voulant être aimé comme il est.

Observer sa vie

Plus un être médite, plus son état de conscience s’élève, et plus il lui est possible d’être observateur de sa propre vie. Autrement, nous devenons facilement identifiés à notre humain. Notre envie de contacter notre lumière nous donne alors l’impression que pour y arriver, nous devons redevenir parfaits, et ainsi, nous évaluons nos «imperfections» du point de vue des jugements.

La sensation de culpabilité originelle a accompagné notre incarnation depuis le début du parcours terrestre. Inconsciemment, nous nous croyons coupables de quelque chose, et nous avons créé un Dieu extérieur qui exige de nous que nous redevenions purs, afin de pouvoir nous réintégrer dans la création. À partir de cette vision limitée de la vie, il devient tentant de s’évaluer de façon dualiste, en fonction d’un système de valeurs et de vertus. Même ceux qui se disent athées et qui ont rejeté la spiritualité portent cette blessure inconsciemment. Il leur est plus simple de s’imaginer un monde sans Dieu, que de composer avec leur blessure.

La méditation a pour but d’offrir à l’être une élévation de regard qui permet de prendre conscience que nous ne sommes pas notre corps physique. Celui-ci fait partie de nous, mais il ne nous définit pas. Ainsi, quand on contacte un état d’être élargi, on peut plus facilement rencontrer l’humain incarné et lui offrir le «regard amoureux de Dieu», celui que nous aimerions recevoir. Au lieu d’attendre l’amour inconditionnel d’un Dieu extérieur, il devient alors possible d’incarner ce «regard de Dieu» à l’intérieur de nous et d’observer l’humain à partir de ce point de vue.

Sortir du désert

Suite à mon expérience initiatique, je me suis mis à vibrer à une nouvelle fréquence et à capter les informations de mon Esprit avec plus de clarté. Les filtres sont bien sûr toujours présents, mais leurs densités se réduisent. Après cette expérience, j’avais l’impression d’être sorti d’un désert. J’ai reçu une date à ma conscience, et quand la journée s’est présentée concrètement, la première pluie de la saison arrivait. J’ai alors compris le sens sacré de ma traversée du désert, et surtout, que c’est l’amour de moi qui m’avait permis d’en sortir.

J’ai réalisé alors que je me permettais très peu de douceur dans ma vie. Quand il s’agissait d’être au service des autres, je me sentais dans mon pouvoir et bien inspiré, mais dès qu’il s’agissait de me donner des permissions personnelles afin d’avoir une vie agréable et stimulante, là j’avais l’impression que cela ne m’était pas accessible. Il faut dire que mes propres mémoires de culpabilité d’avoir collaboré à réduire l’état de conscience planétaire à des époques atlantidéennes m’ont amené à m’interdire les plaisirs dans l’incarnation. «Je serai en vacances quand tout ira parfaitement bien sur terre» correspondait à mon état d’esprit.

Après cette expérience, la bienveillance envers moi est revenue au cœur de ma vie. Car comment aimer et stimuler les autres, si l’on n’arrive pas à s’offrir le même regard. Je me devais d’incarner mes propres enseignements.

Vers la maîtrise

La voie de l’observateur est enseignée dans plusieurs chemins spirituels. Le Bouddha en a fait un enseignement puissant qui accompagne chacun vers sa maîtrise. Je comprends aujourd’hui ce que cela veut dire. Pour s’observer soi-même, il faut comprendre que nous sommes des êtres multiples. Si nous sommes trop identifiés à l’humain, l’observateur se présente sous une forme de juge et d’évaluateur, ce qui ne fait qu’alourdir le regard.

Dans ce contexte, je comprends que pour certaines personnes, il vaille parfois mieux, du moins pour un temps, conserver dans leur inconscient certaines expériences vécues. L’oubli sera plus bénéfique, car s’ils n’arrivent pas à s’accueillir dans l’expérience, ils ne feront qu’alourdir leur jugement envers eux-mêmes s’ils en prennent connaissance. C’est pour cela que «toute vérité n’est pas bonne à dire», car si un être n’est pas prêt à l’entendre, elle l’accablera davantage.

Plus l’observateur est amoureux, joyeux, libre et en expansion, plus il devient facile de rencontrer l’humain que nous sommes à partir de cette perspective. L’on comprend alors que ce que nous sommes est en réalité l’addition d’une multitude de réalités parallèles. Il y a certes l’incarnation, mais il y a aussi l’Âme, l’Esprit, et toutes les projections de nous dans ce monde et les autres. Ces réalités ne nous sont peut-être pas accessibles pour le moment, mais un jour viendra le temps de les conscientiser.

Tant et aussi longtemps que ces mondes parallèles sont rencontrés dans l’intention de fuir l’incarnation et ses lourdeurs, les portes nous sont fermées. Mais quand la vie sur terre est amoureuse, joyeuse et expansive, l’Univers nous devient alors accessible, car il devient le prolongement naturel de l’incarnation. Le «quand» ne nous appartient pas, mais le parcours est bien vivant et la destination réelle.

Le chemin du «retour à Dieu» n’est pas un chemin de vertu, c’est un chemin de pardon de soi, d’amour et de conscience. C’est un chemin de bienveillance.

Je suis heureux d’avoir pu partager cet autre volet des enseignements et de mon vécu personnel. Sur ce, je vous salue et vous souhaite un futur béni, sachant qu’il prend naissance au présent, selon le regard amoureux que posons sur nous.

Salutations à tous

Simon Leclerc
… au service de la Grande Fraternité Humaine et Universelle

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Écrit le 5 octobre 2016, par Simon Leclerc (www.psychologiedelame.com)

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