Le Karma des sorcières
Depuis des millénaires, le pouvoir féminin a été anéanti, piétiné et sacrifié sur le bûcher par un masculin dominateur et terrorisé par les conséquences et les enjeux d’un tel pouvoir.
Pendant la fin de cet été, en résonance avec mon vécu personnel, j’ai ressenti un profond appel pour aider à libérer ce karma collectif lié aux femmes et en particulier les femmes liées à la figure de la sorcière. Et quoi de mieux que cette période d’automne où Halloween n’est plus trop loin pour évoquer ce sujet ?
Qu’est-ce qu’une sorcière ?
Ce seul mot évoque tout de suite la notion d’obscurité, quelque chose de démoniaque, de maléfique, voire la laideur. Voilà en tout cas ce qui résonne dans l’inconscient collectif à ce sujet. Ce qu’on a appelé « sorcière » à travers les âges, ce sont surtout des femmes qui dédiaient leur vie à l’exploration des mystères féminins, à établir un lien et un pont avec les mondes invisibles. C’était souvent des guérisseuses qui avaient une connaissance approfondie du monde végétal et qui allait cueillir et préparer remèdes, onguents et onctions pour soigner les maux physiques et les maux de l’âme. Souvent elles avaient des aptitudes psychiques qui leur servaient à voir au-delà du voile et à voyager entre les mondes. Selon moi, la métaphore de la sorcière sur son balai fait référence au voyage astral et la capacité que ces femmes avaient à voyager entre les dimensions et les mondes.
Mais au-delà de ça, c’était surtout des femmes qui incarnaient pleinement leur puissance féminine, leur sensualité et leur sexualité. C’est le fameux Sabbat des sorcières, qui, encore une fois est une tradition païenne qui a été diabolisée par l’Église. Le Dieu Pan et la cérémonie dédiée à la nature et à la fertilité devient un rituel orgiaque dédié au Diable cornu. Lors de ces rituels, qui puisent leur source sans doute dans les lointaines cultures chamaniques, il était de coutume de porter des masques et de se déguiser en animal pour honorer la nature. Il était également courant de consommer des potions de plantes, la plupart du temps hallucinogènes, qui apportaient la transe. Les participants s’adonnaient à des danses extatiques et célébraient la fertilité en ayant parfois des rapports sexuels entre eux. L’Église a eu vite fait de qualifier ces pratiques anciennes d’obscénités qui ne pouvaient être que le fait du Diable, et qui plus est lorsque les participants étaient des participantes.
A cause de tout cela, ces femmes instinctives et libres représentaient une menace pour l’homme, il fallait donc au mieux les écraser et au pire s’en débarrasser. Si ces femmes avaient en plus le malheur d’être belles, elles étaient considérées comme l’incarnation du Diable lui-même, des tentatrices, des pécheresses. C’est pour cela que depuis des siècles ces femmes ont été persécutées, torturées, brûlées, noyées…bref ont été victimes d’une grande chasse aux sorcières étalée sur plusieurs siècles. Encore aujourd’hui, on emploie le terme de « chasse aux sorcières » pour définir quelqu’un qui est persécuté ou poursuivi.
Aujourd’hui nous sommes nombreux à porter ces mémoires karmiques de sorcières persécutées, que nous soyons homme ou femme d’ailleurs. Peut-être la résonance de ces mémoires est plus forte chez les femmes d’aujourd’hui car nous vivons actuellement le retour du Féminin Sacré (j’en parlerai prochainement d’ailleurs dans un autre article, je ne m’étendrai donc pas ici). Nous sommes de nombreuses femmes à porter ces mémoires, nous avons peur d’entrer dans notre plein pouvoir féminin. Nous avons peur de ce pouvoir car on se sentirait menacées si on l’incarnait ou si on l’utilisait, souvent c’est totalement inconscient. Il y a aussi tout l’archétype de l’ensorceleuse: la femme qui utilise ses pouvoirs féminins, sa sensualité, sa voix et la musique pour séduire l’homme et le contrôler pour son propre bénéfice. La sirène va attirer le marin avec sa voix ensorcelante pour l’entraîner dans les profondeurs de l’océan, la sorcière va utiliser sa magie pour s’emparer de l’âme de l’homme ou le posséder, la nymphe ou la fée séduit l’homme et l’entraîne de l’autre côté des portes dimensionnelles où il disparaîtra à jamais. Là aussi nous avons peur de déployer toute notre force créative, la créativité est lié au féminin, car inconsciemment il y a la croyance que cela mène à la destruction et donc à notre propre destruction. Et puis, nous avons peur d’exprimer toute notre sensualité sous peine de devenir une proie ou une prostituée aux yeux du Masculin.
A côté de cela, certaines et certains d’entre nous ont aussi fait certains pactes dans nos vies passées avec le côté obscur de la Force. Parfois, au lieu de la sorcière-guérisseuse, il s’agissait effectivement de la sorcière maléfique, se servant de la magie noire pour obtenir plus de pouvoir et servir de noirs desseins. Parfois de la femme sensuelle nous sommes devenue la séductrice, la pieuvre qui manipule et encercle l’homme jusqu’à l’étouffer.
Aujourd’hui il est encore évident que le pouvoir féminin fait peur, il nous suffit de regarder où en sont la plupart des religions à ce sujet, et même dans les sociétés laïques c’est encore très présent dans l’inconscient collectif. C’est pourquoi il est important aujourd’hui de libérer ce karma de sorcière, apprendre à honorer sa féminité et les mystères qui la composent. Aller à la rencontre de sa féminité et de sa féminitude sans être la soumise ou la victime mais sans non plus devenir la séductrice, la castratrice, la dominatrice ou la contrôlante.
Il me semble important également d’honorer et de célébrer notre sororité, car le Masculin a divisé pour mieux régner, les femmes ont été mises en compétition les unes avec les autres: qui sera la plus belle, la plus vertueuse, la meilleure femme, la meilleure mère? Les femmes sont devenues rivales. Reformons des cercles de femmes et honorons notre sororité, reconnectons-nous aux cycles de la vie et de la nature qui sont naturellement liés aux cycles féminins.
J’ai ressenti l’appel de nos sœurs à être libérées, tout en écrivant cet article je me suis sentie très émue, de nombreuses mémoires se libèrent, beaucoup d’âmes de sorcières sont encore prisonnières dans la souffrance (incarnées ou non), et continuent à porter ce lourd fardeau du passé, je les sens auprès de moi…
Je vous propose donc de me joindre dans cette petite prière de libération en vous connectant à votre cœur, si vous êtes une femme posez la main gauche sur votre cœur, si vous êtes un homme, la main droite:
Que toutes les femmes-sorcières, les guérisseuses, les chamanes, les druidesses puissent déposer en cet instant toutes leurs souffrances.
Que la lumière de la paix puisse éclairer chacune de leurs âmes afin qu’elles puissent ascensionner vers la lumière.
Que le pardon soit accordé au Masculin en souffrance d’avoir perpétré ces actes au nom d’une domination illusoire.
Que toutes ces femmes soit pardonnées, se pardonnent et pardonnent leurs bourreaux.
Que l’information et les mémoires de souffrance et de persécution contenues dans chacune des cellules du Féminin soient nettoyées et transmutées par le feu qui un jour a servi à la destruction. Que ce feu redevienne libérateur.
Que chacune de ces femmes puissent se relever et incarner dans sa pleine puissance, le Grand Féminin.
Que chaque femme soit libre d’exprimer sa toute puissance féminine créatrice, sensuelle et mystérieuse.
Que ce Féminin guérisseur et aimant aide à élever et soutenir la grande transformation de notre planète.
Que chacune de ces femmes se reconnecte à la Grande déesse, à la Terre-Mère pour continuer à œuvrer ensemble, main dans la main.
Ainsi soit-il.
Merci. Merci. Merci…
Sat Nam
Gabrielle Isis Blocker
Si vous souhaitez reprendre cet article merci de le recopier dans son intégralité avec les images en citant la source et le lien internet.
https://www.gabrielleblocker.com/single-post/2017/10/12/Le-Karma-des-sorci%C3%A8res