Le pardon, le mental et ma mère

Le pardon, le mental et ma mère

Le pardon est-il juste un besoin de l’égo ? En s’éveillant, perdons-nous le besoin de pardonner?

– Q. – C’est un peu comme si je ne sentais déjà plus ma question. Je vais la poser malgré tout. Le pardon : est-ce que le pardon n’est qu’un besoin de notre ego ? Quand nous nous éveillons, est-ce que nous perdons le besoin de pardonner ?

– E. – Merci. C’est une bonne question, merci.

Eh bien, pardonner quelqu’un implique bien sûr qu’il y a quelque chose à pardonner. S’il n’y avait rien à pardonner, vous n’auriez pas besoin d’y penser ni de parler du pardon, parce qu’il n’y aurait rien à pardonner. Donc, pardonner implique qu’il y a là quelque chose qui n’est pas pardonné et qui est mis de côté.

Il y a eu de la rancune, des griefs pour une chose ou une autre, un problème avec quelqu’un, des accusations, de la retenue, des griefs de longue date, etc. Tout cela a été là et c’est alors reconnu. Vous reconnaissez que ce n’est pas sain, ce qui peut être une raison suffisante pour lâcher tout ça. Ce n’est pas sain, cela ne favorise pas l’épanouissement de la vie et le bien-être en soi. Voilà une raison suffisante pour y renoncer.

Tout cela ne contribue en rien au rétablissement de l’équilibre s’il y a un déséquilibre karmique : quelqu’un vous a volé quelque chose ou quelqu’un vous a fait quelque chose. Les griefs n’agissent en rien pour rétablir l’équilibre. Vous pouvez permettre à l’univers de rétablir l’équilibre, automatiquement, mais vous ne voulez pas être pris dans ce schéma mental dysfonctionnel. Donc, vous laissez aller, c’est-à-dire que vous pardonnez. Vous vous dites : « J’ai pardonné cette personne. Je ne maintiens plus un champ d’énergie mentale émotionnelle autour de cela pour en retirer une impression étrange de satisfaction.

Il y a bien de la satisfaction, mais ce n’est pas la vraie satisfaction. C’est la satisfaction de l’ego. Elle renforce l’ego. Avoir des griefs renforce l’ego énormément. Des pays, toutes les religions ou des groupes rattachés à celles-ci, des tribus et des nations cultivent des griefs collectifs depuis des siècles, ce qui constitue une partie importante de leur sentiment collectif d’identité égoïque.

Oui, vous avez raison : quand il y a acceptation des autres et de ce qu’ils font, ce qui n’est possible que si vous êtes vraiment éveillé et présent… Quel que soit le comportement inconscient que les autres êtres humains manifestent envers vous-même ou autrui, vous réalisez que ce n’est pas ultimement ce qu’ils sont. Ce n’est pas leur véritable identité. Cela fait partie de là où nous en sommes, où en est l’humanité dans l’évolution de la conscience. Ces gens manifestent la conscience dans un état de torpeur ou de sommeil et ils ne savent pas ce qu’ils font. Ils ont l’air de le savoir. Ils subissent l’emprise de certaines énergies et d’un manque de présence qui les incitent à s’extérioriser comme ils le font. Ils sont sous l’emprise de schémas mentaux très puissants et ils sont complètement identifiés à leur mental.

Cela empêche aux gens qui infligent de la souffrance aux autres, étant bloqués si profondément dans leurs schémas mentaux qui sont en fait abstraits, de ressentir toute empathie pour les autres, parce qu’ils les regardent à travers la densité de leurs jugements (mentaux) et de l’étiquetage de qui ils sont. Ils ne vous voient pas, ils voient l’étiquette qu’ils ont collée sur vous.

Ce peut être une étiquette personnelle ou une étiquette collective qu’ils adoptent. C’est cela qu’ils voient. C’est une abstraction mentale. Ils sont incapables de sentir que vous êtes un être humain vivant. Ils ne peuvent pas davantage sentir qu’ils sont eux-mêmes un être humain vivant. Ils sont pour eux-mêmes une construction mentale, tellement identifiés à une chose ou une autre. Ça peut être une idéologie, un système de croyances, un paquet de griefs ou de jugements. C’est être piégé dans le penser conceptuel qui empêche de sentir la vie en autrui et en soi-même. C’est bien sûr alors qu’on s’adonne à la violence envers les autres, parce qu’en fait, les autres sont tous morts de son point de vue. On les a déjà tués en plaquant sur eux une étiquette. C’est la première étape pour les tuer. L’étape suivante est alors rendue beaucoup plus facile. On ne ressent plus rien.

Quand vous avez compris ça, vous voyez que la souffrance provient de la maladie mentale. Vous n’allez plus assimiler la maladie mentale d’une personne à ce qu’est cet être humain. Ce n’est pas qui il est. Précisons que le fait que ces gens soient malades mentalement ne veut pas dire qu’ils ne vont pas subir les conséquences de leur inconscience. Ils les subiront. C’est de la sorte qu’ils engendrent leur propre souffrance. Ils engendrent de la souffrance pour eux-mêmes et pour les autres. Or, quand vous reconnaissez cela, ce qui aurait besoin du pardon ne se produit même pas, parce que tout ce que vous pardonnez, c’est l’illusion que le comportement inconscient d’une personne était qui elle est, ainsi que la réaction associée.

Oui, si vous êtes vraiment éveillé, le pardon n’est alors plus nécessaire, parce qu’il y a immédiatement une acceptation et une reconnaissance de ce qu’est en l’autre humain ce qui commet ce qu’il fait et qui n’est pas ce qu’il est en essence. C’est une manifestation de l’inconscience. Il n’y a donc rien à pardonner. Vous pouvez toujours avoir à vous protéger dans une certaine mesure. Vous traversez la route si vous voyez un être très inconscient. Il peut être préférable de passer de l’autre côté.

Or, si le contact est inévitable, tout ce que vous pouvez faire, c’est être là en tant que la présence et parfois, même avec des gens profondément inconscient, en n’y réagissant pas, c’est possible que de la conscience soit extirpée du dessous des schémas inconscients. Tout d’un coup, vous voyez qu’il y a toujours un être humain quelque part. Il se peut qu’il réponde si vous êtes présent. Ce n’est pas garanti, mais c’est possible. Et c’est magnifique.

Donc, vous traitez l’autre, non pas selon le comportement qu’il manifeste envers vous, mais comme s’il était déjà conscient. De la sorte, vous honorez sa présence. Le schéma dysfonctionnel se nourrit et se développe à partir de la réaction d’autrui. Le schéma dysfonctionnel aime, recherche la réaction, la lutte. Maintenant, s’il n’y a pas de réaction et si vous regardez à travers la personne, pour ainsi dire, il arrive parfois que le schéma dysfonctionnel tombe, peut-être pas pour de bon, mais dans le moment, il tombe et quelque chose d’autre transparaît.

Quand vous êtes en relation avec un autre humain, présumez toujours, pour ainsi dire, qu’il y a quelque chose là de plus profond que le comportement qu’il manifeste. Ce peut être dans une simple situation, une personne inamicale. Vous demandez un renseignement dans la rue, pour un restaurant ou autre, et la personne se montre inamicale, vous regarde comme un importun. Donc, vous n’êtes pas un être humain, vous êtes un dérangement, même si le travail de cette personne consiste à renseigner les gens. J’ai vu des personnes derrière des guichets de renseignements qui traitait chacun se présentant avec sa question comme un dérangement qui n’avait pas à être là. Là encore, c’est un schéma mental. Il n’y a pas là un être humain, il n’y a qu’un dérangement détestable.

Et si vous pouvez ne pas réagir à ça, ni les traiter tel un dérangement, ce qui serait tout à fait normal… Dans ce cas, on renforce leur schéma mental, parce que cela confirme qu’on est vraiment un dérangement. Si vous traitez la personne comme si elle était un humain conscient et éveillé, avec respect, avec amitié, avec gentillesse, quelque chose de surprenant peut se produire. Vous n’avez pas besoin que cela Arrive. C’est pour vous une récompense suffisante de traiter l’autre avec gentillesse, en présumant qu’il y a une partie plus profonde qui est également plus authentique et aimable. Parfois, cela s’extériorise alors, parfois non. C’est OK. Cela reste une pratique magnifique.

Ne soyez pas attiré à ce niveau d’interaction de ce que vous obtenez de l’autre, parce que si une personne hostile ou malveillante provoque en vous de l’hostilité ou de la malveillance, cela veut dire que vous êtes attiré au niveau de cette personne. Cela veut dire que cette personne détermine votre état de conscience. Cela veut dire aussi que vous n’êtes pas assez présent. Et c’est la beauté qu’il y a à rencontrer des gens difficiles en ce monde, ce qui arrive bien sûr tout le temps.

Vous pourriez considérer cela comme affreux et vous dire : « Je ne veux plus être en relation avec les gens. Je suis bien avec mon chien ». Il est vrai que les chiens sont beaucoup plus faciles à vivre que beaucoup d’humains, mais nous sommes ici pour pratiquer avec des humains. Ce sont les défis, les épreuves qui nous rendent plus forts… par la pratique. Donc, chaque humain inamical et peu aimable est pour vous une occasion de pratiquer la non-réaction et la liberté intérieure. C’est donc merveilleux. Et si vous ne réussissez pas dans votre pratique et qu’après cinq heures, vous cultivez toujours des pensées négatives à propos de cette horrible personne, il est temps de pardonner.

– Q. – Merci.

Quelle est la différence entre opinion et jugement?

– Q. – Bonjour Eckhart

– E. – Bonjour

– Q. – Au départ, j’avais une question en rapport avec le fait d’avoir des opinions et donc je vais la lire car elle est un peu élaborée : « Si la présence veut dire permettre ce qui est, sans résistance, est-ce possible pour les gens qui interviennent sur le forum de TV Eckhart Tolle d’avoir de nombreux points de vue différents et désaccords sur un sujet et demeurer sans ego ? Je ne sais pas s’il vous arrive de regarder le forum…

– E. – Rarement.

– Q. – C’est sage. Mais c’est une sorte de microcosme du macrocosme.

– E. – Oui, au fond, on voit à l’écran le mental humain.

– Q. – Et c’est franchement un grand enseignement.

– E. – Oui.

– Q. – Mais c’est devenu un peu fou récemment.

– E. – Eh bien, c’est ce qu’est le mental humain.

– Q. – Exactement.

– E. – Même les gens qui sont attirés par l’enseignement… Si vous êtes attiré par cet enseignement, d’un côté, cela veut dire que quelque chose en vous reconnaît qu’il y a là quelque chose, qu’il y a une vérité. Or, cela ne veut pas dire que vous êtes un être humain totalement conscient. Tous les schémas qui agissent dans l’inconscience humaine normale peuvent toujours agir en vous bien qu’il y ait une ouverture qui vous permet d’être attirée par l’enseignement. Cependant, le paquet mental est toujours là. Et c’est merveilleux si vous pouvez le voir à l’écran, parce que c’est comme un miroir. Il n’y a là rien de personnel quand vous lisez tous ces commentaires : « Oh, je suis en train de regarder le mental humain. Le voici ! ».

Votre question vient de me donner l’idée d’écrire peut-être quelque chose là-dessus et de le poster sur le forum de sorte que les gens soient plus vigilants. Je ne vais pas dire : « N’écrivez pas des choses affreuses ». C’est plutôt : « Continuez d’écrire ce que vous voulez écrire, mais sachez ce que vous faites ».

– Q. – Pourriez-vous parler un peu à propos des opinions par rapport aux jugements ?

– E. – Oui, les opinions par rapport aux jugements, c’est une bonne question. Il n’y a pas de problème avec les opinions. Il n’y a pas de problème avec les jugements, si ce n’est bien sûr que les jugements vous font souffrir au bout du compte. Ils sont douloureux. Ils ne sont habituellement pas reconnus comme tels. Le jugement est une opinion à laquelle vous vous identifiez complètement comme étant vous-même. Habituellement, il se rapporte à une situation, à un autre être humain, à un groupe d’êtres humains, etc.

C’est une opinion, mais vous vous y identifiez complètement. Disons au passage qu’une opinion est une pensée ou un ensemble de pensées. Vous vous identifiez si profondément à cette pensée ou à cet ensemble de pensées, ce que nous appelons « opinion », que vous la prenez comme la vérité absolue. Et il y a en elle un sentiment de soi, un sentiment d’identité, parce que c’est « mon » opinion. C’est ce que veut dire « identification ». Il y a un sentiment de soi en cette pensée.

Maintenant, quand on a investi son sentiment de soi en une pensée, quiconque aura une pensée différente ou remettra la pensée en question, et qui plus est s’il la combat en disant qu’elle est complètement fausse, quiconque la remet simplement en question est immédiatement considéré, on pourrait presque dire comme un ennemi mortel, parce que si vous remettez en question une pensée que j’ai investie avec un sentiment de soi, c’est mon existence même que vous remettez en question. C’est l’illusion, mais c’est le mécanisme derrière l’illusion. C’est complètement inconscient.

Ces gens ne vont pas vous dire : « Vous remettez en question mon existence même ». Ils n’en savent rien, mais ils l’éprouvent. Et quand ils éprouvent ça, tout le paquet mental émerge immédiatement et voici qu’ils vous attaquent.

Il y a une autre pensée qui va faire que l’on condamne autrui. Il est très facile de trouver des raisons pour condamner autrui. C’est très facile. Et là encore, ce genre de pensées place l’autre en position d’infériorité, parce que si je peux le condamner à partir d’un jugement moralisateur… peut-être c’est l’expression adaptée. Comment oses-tu dire ça ? »

Dès l’instant que vous dites ou pensez ça, l’ego se déploie . . . « Comment peux-tu oser ? Je vais te dire ce que j’en pense ! » Et quand ils sont devant leur ordinateur, cela imprègne ce qu’ils écrivent. On ne les voit pas, mais on les lit. Et c’est un manque de conscience des schémas mentaux et le rôle que joue la pensée dans votre vie. Cela se marie à la pensée et vous en retirez votre identité. Pourquoi fait-on ça ? Parce qu’on ne peut pas ressentir la vie plus profonde que sont les gens. C’est une pseudo-satisfaction.

Donc, tout ce que vous pouvez faire, c’est le voir et ne pas y réagir. Si vous utilisez le forum, peut-être pouvez-vous relever ça. Bon, il ne s’agit pas de dire que quiconque a tort, parce que ça ne marche pas, mais écrivez autant que possible sans y impliquer votre ego, en affirmant simplement votre opinion.

Q. – On peut donc affirmer son opinion.

E. – Oui, ça n’est pas un problème !

– Q. – Et ça peut se faire sans ego ?

– E. – Oui. Oui, vous pouvez avoir des opinions sur la politique sans ego. C’est rare, mais c’est possible. Vous pouvez avoir des discussions où vous mettez en avant votre opinion sans y être identifiée. Il y a des bonnes choses qui ont été propagées à travers les psychothérapies, même si l’on en fait maintenant un peu des phrases toutes faites, mais au fond, elles sont bonnes. Il y a par exemple l’expression « Je t’entends » ou « J’entends ce que tu dis ». Cela peut n’être qu’une phrase toute faite avec derrière de la colère et du jugement, mais si c’est une affirmation authentique, c’est une chose magnifique. Cela veut dire « Je suis ouvert pour entendre ce que tu dis ». Cela ne veut pas dire « Je suis d’accord avec toi ». « J’entends ce que tu dis. Cependant, selon moi… » et vous exprimez ce que vous avez à dire.
Vous m’avez donné l’idée d’aller jeter un coup d’œil pour voir ce qu’écrivent les gens.

– Q. – Un bon point !

– E. – Mais je sais bien qu’à travers Internet, la folie du mental humain est amplifiée dans de nombreux cas. Il n’y a rien de personnel ici, mais c’est amplifié. Vous y trouvez toutes sortes de choses hautement intéressantes, c’est vrai, toutes sortes d’informations, mais également beaucoup de folie qu’on veut nous faire prendre pour la vérité.

– Q. – Oui, c’est intéressant à cet égard, parce qu’on ne voit pas la personne, on ne la sent pas, on n’entend pas les inflexions de sa voix, on ne connaît pas son histoire. C’est donc comme une sorte de fantôme qui sort du néant. Cela ne donne pas beaucoup d’indices auxquels s’accrocher pour se faire une opinion ou en juger.

– E. – Si vous écrivez des choses, vous n’avez pas besoin de dire que telle personne a tort. Exprimez simplement ce que vous ressentez comme juste. Ne dites pas « tu as tort », dites ce qui est juste. Ne dites pas « c’est mal », dites ce qui est bien. Cela peut être utile. Mais je vais jeter un œil et j’écrirai peut-être quelque chose également. « Comment pouvez-vous oser ?

Ma mère à beaucoup souffert et est souvent perdue dans ses pensées. Comment puis-je l’aider ?

– Q. – J’ai une question concernant ma mère. En fait, ma mère souffre beaucoup. Je pense que cela provient principalement du fait qu’elle a perdu deux de ses fils, l’un à l’âge de 8 ans dans un accident dramatique. Elle est arrivée en Amérique et les gens en qui elle avait confiance l’ont abandonnée. Elle a une tumeur au cerveau, prend quotidiennement plusieurs médicaments ; elle a été maltraitée émotionnellement. Et vous parlez souvent de la souffrance qui finit par briser la coquille de l’ego. Il semble en fait que ma mère s’attache encore plus au penser et est plus fortement identifiée à son ego. C’est vraiment une bonne personne, mais elle semble toujours perdue dans ses pensées. Ce ne sont pas toujours de mauvaises pensées. La façon dont vous imitez les personnes perdues dans leurs pensées, c’est vraiment ça. Principalement ce qui se passe: je ne pas exactement comment approcher ça, parce que ça varie en fonction des situations.

– E. – Oui. Merci. Et vous ne savez pas quoi faire !

– Q. – C’est ça.

– E. – Eh bien, je dirais qu’il n’y a rien que vous puissiez faire, si ce n’est être avec elle, être présent avec elle et ce qu’elle ne peut pas faire pour elle-même, vous pouvez le faire pour elle. Donc, pour l’instant, elle ne peut pas encore être la présence pour son mental. Elle ne peut pas avoir la conscience de ce qui est conscient de ce que fait son mental. Son mental est identifié à des formes très enracinées de conditionnement et probablement au corps de souffrance. Peut-être que le corps de souffrance collectif en fait partie. Dans quel pays est-elle née ?

– Q. – En Inde.

– E. – Oui. Il se pourrait bien que le corps de souffrance collectif en fasse partie. Chaque pays a également son corps de souffrance. Le corps de souffrances des individus fait partie du corps de souffrance collectif. Vous devez amener la conscience dont votre mère manque pour l’instant. D’habitude, ce que nous disons de faire à une personne, ce qui n’est pas du « faire », c’est « soyez simplement conscient de votre mental. Soyez le témoin de votre mental. Soyez là en tant que conscience témoin de sorte que vous soyez conscients de vos schémas mentaux, de sorte que vous ne soyez plus totalement pris dans vos schémas mentaux ». Maintenant, si vous lui dites ça, ça ne marchera probablement pas. Vous avez peut-être essayé.

– Q. – Oui.

– E. – Et vous avez pu dire : « Peux-tu être là en tant que la conscience témoin ? »

– Q. – Eh bien, j’ai essayé d’être là pour elle. Elle pouvait être dans la plainte et j’étais simplement là. Elle me disait : « Qu’est-ce que tu fais là assis et à m’écouter ? ».

– E. – Eh bien, vous dites alors : « J’entends ce que tu dis. J’écoute simplement. C’est OK, j’écoute ce que tu dis. C’est bien. ». Vous pouvez être la conscience secondaire. Si un de vos proches ne peut pas le faire, maintenez pour lui la présence consciente, pour ainsi dire. N’en attendez pas de résultats. Ce n’est pas un moyen pour une fin. C’est une chose satisfaisante, bienveillante, magnifique, une chose de guérison à faire. On utilise le mot « faire », mais ce n’est pas vraiment du « faire ».

Vous maintenez la présence, la présence consciente pendant que son mental fait ce qu’il fait, pendant que son corps émotionnel fait ce qu’il fait. Au lieu de penser « elle ne devrait pas traverser tout ça. Pourquoi est-ce qu’elle n’arrête pas ça ? Pourquoi est-ce qu’elle… ? « . Non, permettez-lui de faire ce qu’elle fait de la même façon que vous permettriez à votre mental de faire ce qu’il fait, mais en étant simplement conscient. Soyez là en tant que la conscience. Maintenez pour elle l’espace de la conscience. Vous entendez ça ?

Maintenant, elle est indienne. Il peut y avoir une ouverture en elle. J’ai observé qu’il y a toujours une ouverture quelque part pour la spiritualité chez beaucoup d’indiens, même quand ils sont en surface complètement identifiés à leur mental ou qui sont matérialistes. Cela peut être caché. C’est là, non pas chez tout le monde. L’ouverture est là potentiellement en tout un chacun. Il y a peut-être quelque chose à quoi elle peut répondre à partir de la spiritualité indienne traditionnelle. Est-ce qu’elle a une pratique ou une autre ? Cela peut n’être qu’une pratique extérieure.

– Q. – Elle dit qu’elle médite avant de s’endormir, parce que cela la calme. Autrement, elle est toujours en train de penser à des choses et ne dort pas de toute la nuit. Mais elle dit qu’elle essaie de méditer. Elle n’y arrive pas toujours, mais elle essaie.

– E. – Bon, c’est un début ! Peut-être pouvez-vous lui dire qu’elle peut également méditer juste quelques secondes ou une demi-minute dans la journée. Peut-être pouvez-vous lui demander si elle peut sentir l’énergie dans ses mains. Elle peut ne pas vouloir le faire, mais vous pouvez essayer diverses choses, mais principalement, soyez là en tant que la présence. Maintenant, ne me dites pas : « J’ai fait ça pendant des années et ça n’a pas marché ! ».

– Q. – J’ai essayé de lui présenter les enseignements. L’une des choses que j’ai remarquées : elle prend beaucoup de médicaments, tels que des stéroïdes, et beaucoup de ces médicaments affectent sa concentration. Elle ne peut donc pas vraiment se concentrer, peut-être sur ses mains ou sur sa respiration. Je ne suis pas sûr. Elle est obligée de prendre ces médicaments pour vivre. Avec tout ça, avec tout ce brouillard mental et sa confusion et tout le reste, les choses semblent sans espoir, elle souffre en permanence.

– E. – Simplement, elle ne peut pas s’abandonner à la vie, elle n’est pas en mesure de le faire, mais il vous faut le faire pour elle. C’est le seul moyen pour des gens qui ne sont pas encore prêts et qui vous sont proches. Vous ne vous êtes pas encore abandonné pour elle, mais vous pouvez le faire. Si vous vous étiez abandonné pour elle, tout irait bien. Vous seriez en paix et si une guérison est possible, elle se produira de cette façon. Cela peut arriver à travers vous, mais vous devez vous abandonner au fait qu’elle est maintenant comme elle est.

Avec une pleine acceptation survient un champ d’énergie de paix. Avec le champ d’énergie de paix survient la possibilité de la grâce et de la guérison. Or, quand vous vous abandonnez ainsi, vous n’en faites pas le moyen pour en arriver à une fin. Vous ne vous abandonnez pas afin qu’elle aille mieux. Ce n’est pas le véritable abandon.

J’ai dû le faire pour ma mère. De temps en temps, j’essayais de lui montrer le moment présent ou de lui faire sentir le corps subtil. Une ou deux fois, elle a vécu de brefs moments de calme et l’on pouvait tout d’un coup sentir la lumière, la vie transparaître. Il y a des années, elle vivait encore et elle était venue me voir. Il y a environ dix ans. Je me rappelle, elle me rendait visite et elle parlait, parlait, parlait au sujet de ses problèmes. J’avais oublié combien les gens peuvent parler. Je vivais seul à l’époque. Et son mental ne s’arrêtait jamais : les problèmes, les problèmes… Je savais que tout ce que je pouvais faire pour elle, c’était être là en tant que la présence consciente. Et après 4, 5 jours, pendant une minute, elle s’est arrêtée de parler et il y eut un moment de calme. Et après ce moment de calme, elle dit quelque chose qui ne faisait pas partie du disque habituel qui se rejouait inlassablement. Après le moment de calme, elle me regarda et dit : « N’est-ce pas étrange, nous naissons et puis nous mourons ».

C’est une compréhension profonde. C’est le début de toute philosophie, le début de toute quête spirituelle et elle a eu ça, l’aspect étrange de l’existence physique sensorielle éphémère. Juste avant, elle était complètement identifiée à l’existence, après également, mais il y eut une ouverture momentanée : « N’est-ce pas étrange, nous naissons… ? ». C’est un moment de grâce. Et les nuages sont revenus et malheureusement, ils sont restés jusqu’à la fin. Il me fallait m’abandonner à cela sans demander que ma mère s’éveille spirituellement. Je me suis abandonné au fait que c’était là où elle en était. Cela devint très douloureux à mesure que les années passèrent. Son corps devenait de plus en plus dysfonctionnel. Elle devenait de plus en plus malheureuse. Elle considérait la vieillesse comme une infortune personnelle dont elle était affligée. J’essayai de lui dire : « Ce n’est pas personnel. C’est la vieillesse et cela arrive à tout le monde ». « Oui, mais pas comme ça, pas de cette façon ! ». C’était terrible. La souffrance qu’elle provoquait, la souffrance psychologique était de loin plus grande que l’inconfort et la douleur qu’elle vivait sur le plan physique. Et il y avait la peur de ce qui allait pouvoir lui arriver, la peur de ne plus pouvoir marcher du tout, la peur de devenir aveugle, la peur de ceci, la peur de cela, de loin plus grande que toutes les douleurs physiques qu’elle endurait. Sauf à un ou deux rares moments, il n’y eu pas de transformation. J’ai été en paix avec ça. Je m’y suis abandonné. Je lui ai permis d’être telle qu’elle était et de manifester cet état de conscience et je pouvais sentir l’être en dessous. Je peux sentir cela. Ressentez l’être au-dessous de toute la densité imaginaire du mental et maintenez cela. Le reste est l’abandon. Je n’ai pas réussi, si ce n’est que je me suis abandonné. Donc, puisque je n’ai pas réussi avec ma mère en aucune manière, je ne peux rien vous dire de plus. Moi-même, je n’ai pas pu le faire. Merci.

Source : http://nouvelleterre.filialise.com/

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