Le Temps et l’Espace

Le Temps et l’Espace

Repartons de la symbolique de la boucle à travers laquelle nos pensées se repaissent par addiction au connu, qui est reproductible à souhait et finalement confortable et sécurisant.

    Une boucle se referme toujours autour d’une information et d’une énergie qu’elle cherche à conserver dans sa mémoire afin de garantir la survie de l’être vivant et des espèces correspondantes. Elle est la forme initiale de la cellule et de son programme génétique engrammé dans son ADN.

Cependant le cercle de la vie se dessine davantage comme un cercle ouvert et spiralé lui donnant l’opportunité d’échanger, de muter, d’évoluer, de disparaître. Le cycle indique un rythme, une fréquence qui ondule grâce à des modulations d’intensité. Les cycles nous montrent la répétition, tel un tic-tac temporel, qui semble immuable dans son mouvement perpétuel, mais il nous offre aussi la vision de sa fragilité, de son usure. Cronos mange ses enfants et « ça tourne » (Saturne) jusqu’à l’épuisement des ressources acquises.

Nous pourrions résumer l’humain à la gestion de son espace et de son temps. La gestion du temps suit sa première prise de conscience émotive que son temps personnel est compté. Son cycle de vie débute au printemps et se termine en hiver. Ne pouvant se soustraire à ces quatre saisons relatives à l’énergie allouée à son corps physique, il élabore des stratégies pour passer le temps, pour ne pas perdre de temps, pour en gagner ou lascivement se laisser aller au temps qui passe.

Prisonnier de cette finitude qui le stresse, il se met à penser en terme d’espace, ce qui lui ouvre les portes de son jardin matérialisé par la terre ou subjectivement lové dans son imaginaire fécond qui permet une certaine évasion. Pour certaines et certains, l’aventure, qui les attend objectivement, lorsqu’elles ou ils se déplacent dans des contrées inconnues, est jonchée de dangers stimulant leurs pas, et pour d’autres c’est dans leur tête que tout se passe. Les premiers y jouent leur vie corporelle tandis que les seconds leur vie mentale. Cependant le temps continue de tuer plus sûrement qu’un virus, alors l’espace nous fait rêver, il est le grand libérateur !

Mais voici que l’espace d’un confinement, imposé par une situation critique, en rapport avec la prise de conscience que la maison-terre brûle suite aux négligences inconscientes de ces chérubins humanoïdes, nous devons passer beaucoup de temps dans un espace restreint.

     Pour les compagnies, les sociétés, les industries, les corporations, le temps s’égrène et elles perdent beaucoup d’argent !

     Et si nous nous étions trompés sur l’espace et le temps qui sont intimement reliés depuis H. Pointcarré et relayés ensuite par A. Einstein dans sa théorie de la relativité restreinte et générale. Ces deux concepts qui étaient mesurables et absolus par les définitions antérieures des physiciens, sont devenus relatifs l’un à l’autre, se mouvant au sein d’un cadre défini par la constante de la vitesse de la lumière. Le terme spatio-temporel recouvre le cadre dans lequel nous vivons en tant que matière vivante particulaire. Ce cadre en exclut l’esprit !

     Et si le temps n’était que de la conscience, une éternelle présence camouflée dans des interprétations subjectives propres à chacun ? Et si l’écoulement linéaire du temps où la cause passée débouchant sur des effets à venir n’était que l’illusion résiduelle de nos 5 sens-animaux ? Et si le temps pouvait s’écouler dans l’autre sens, comme une rétro-causalité, se vidant naturellement vers la Présence qui échappe au sujet qui souhaiterait en être le possesseur ?

     Se raccrochant à une histoire personnelle bornée dès la naissance, nous ne pouvons être régis que par notre passé qui fige notre futur, nous empêchant également de vivre le moment présent. Le libre arbitre dans ce cas de figure généralisé, est seulement une illusion « bien utilisée » pour faire fonctionner notre système consumériste.

     Pour être libre il faudrait être « personne », juste un portevoix, sans charge, sans passé et sans avenir, juste vivant ! Une cigale en somme, qui chante et ne peut déchanter puisqu’elle n’attend rien. Elle donne de ses ailes ces sons qui font frétiller l’air et nous murmurent la douceur du climat auquel elle participe.

     Notre conception psychologique du temps, conditionnée par les rythmes effrénés d’une société qui s’essouffle, nous pousse à le concevoir avec une ligne d’intensité de « présence » qui cherche à couper le flot du temps qui s’écoule du passé vers le futur. Chargée de valises, la personne se perçoit comme courant derrière le « présent » qui à chaque nanoseconde se trouve déjà derrière elle dans le passé. « Cette course est inutile et déjà jouée » nous chuchote dame cigale.

Ne voyons-nous pas que nous sommes ce « présent » immobile, cette conscience éternelle qui voit passer et trépasser ces sempiternelles fourmis qui ne lèvent jamais la tête ou ne quittent jamais le sol sauf pour « les-ailés », le temps d’une reproduction ?

Si le sujet se réduit à l’objet alors il l’épuise à exister dans sa singularité. Si le Sujet n’est pas incarné, pas identifié au véhicule-énergie qui l’aide dans sa quête, alors il ne peut être confiné dans l’espace et le temps et ne peut avoir peur de la souffrance de ce qui a été, ni de la souffrance qui pourrait venir. La vie n’est pas un fleuve qui peut se tarir tandis que ses manifestations peuvent flétrir, elles nous offrent un cinéma sans pareil où la fragilité et la fragrance sont ses ailes de douceur qui peuvent nous propulser où nous ne sommes pas nés.

C’est l’être non né et éternel qui a la chance d’avoir un corps humain pour compagnie. Ce transducteur est capable de transmuter des fréquences en organisations vivantes. Mais l’être est personne, il sonne, résonne, raisonne, et ne demande rien car il est tout, il est plénitude, il est Amour et gratitude, il est le fruit vivant dont le goût empreint d’immense douceur peut être distribué généreusement.

Avec tout l’Amour qui m’a été donné

http://jean-jacques-galinier.over-blog.com/

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