L’homme et la femme : deux principes
Ces deux principes fondamentaux se reflètent dans toutes les manifestations de la nature et de la vie. Pour être féconds, ces deux principes doivent obligatoirement travailler ensemble : séparés, ils sont improductifs, aussi sont-ils toujours à la recherche l’un de l’autre.
Quant à l’homme et à la femme, ils ne sont eux aussi qu’un des multiples aspects de ces deux principes masculin et féminin. C’est pourquoi on peut dire que toutes les difficultés qu’ils éprouvent dans leurs relations, toutes les souffrances qu’ils ne cessent de s’infliger mutuellement, ont pour origine une mauvaise compréhension de cette question des deux principes.
Pendant des siècles, le christianisme a donné de la femme une image désastreuse. Pour des raisons qu’il serait trop long d’exposer et d’analyser ici, des Pères de l’Église, des théologiens se sont appliqués à montrer qu’elle entretenait des relations suspectes avec le Diable. Alors, ceux qui voulaient vraiment faire leur salut devaient fuir les femmes et ils partaient vivre dans les déserts, les forêts, les montagnes, ou bien s’enfermaient dans des couvents. Et quand ils n’allaient pas se cacher quelque part, ils évitaient de les rencontrer et de les regarder… Ces conceptions erronées se sont si bien répandues dans toute la société que les hommes, influencés par une tradition qui d’une certaine façon leur convenait, se sont habitués à considérer la femme comme une tentatrice dont il fallait se méfier, ou comme un être inférieur, faible, privé de jugement et incapable de se conduire dans la vie si l’homme n’était pas là pour la surveiller et la maintenir sur le droit chemin.
Que les femmes aient des défauts, c’est évident, mais ni plus ni moins que les hommes. Qu’est-ce qui a pu faire croire aux hommes qu’elles leur étaient tellement inférieures ? Une mauvaise compréhension de la Divinité, tout simplement. Cela vous étonne ? Et pourtant, c’est la vérité. Ils ont vu dans l’homme un représentant du Dieu unique, Créateur de l’univers, qu’ils considéraient comme exclusivement masculin. Alors évidemment, la femme, on se demandait de qui elle pouvait bien être la représentante, surtout si on interprète de façon erronée ce passage de la Genèse où il est écrit qu’Eve a été tirée d’une côte d’Adam… ce qui n’est évidemment pas très glorieux.
En réalité, cet Être cosmique que l’on appelle Dieu ne peut être identifié au principe masculin. Dieu est une entité à la fois masculine et féminine, car le masculin et le féminin sont contenus en lui. Lorsque les Kabbalistes étudient le nom de Dieu : Iod, Hé, Vav, Hé, ils interprètent ces quatre lettres de la façon suivante :
Hé : représente le principe masculin créateur, le Père céleste.
Vav : représente le principe féminin, la Mère divine, qui permet au principe créateur de travailler avec elle.
Hé : représente le Fils, né de l’union du Père et de la Mère.
Et le deuxième Iod représente la Fille, qui est la répétition de la Mère.
Puisque le principe masculin et le principe féminin sont contenus dans le nom de Dieu, cela signifie que ces deux principes sont d’égale valeur et il n’y a aucune raison de considérer que la femme est inférieure à l’homme. Vous direz : « Mais ils ne sont pas égaux, puisque l’un doit nécessairement précéder l’autre. Dans le nom de Dieu, le Iod précède le Hé » Oui, mais il ne faut pas confondre la place et la valeur. La valeur est une chose, et la place en est une autre. La place est une notion d’ordre matériel, et la valeur une notion d’ordre spirituel. Dans le plan matériel, même si des personnes sont d’égale valeur, on ne peut pas donner à toutes, la première place, il n’y a qu’une première place.
Prenons des exemples. Plusieurs personnes doivent monter à une échelle : sur chaque échelon il ne peut y avoir qu’une personne, et même si elles sont d’égale importance, elles ne peuvent monter que l’une après l’autre. Si elles commencent à se chamailler en prétendant chacune passer la première, elles resteront toutes en bas. Et si vous devez envoyer une lettre à un couple, il faut bien, en écrivant l’adresse, mentionner le mari et la femme l’un après l’autre : « Monsieur et Madame X » ou bien « Madame et Monsieur X ». Et là encore, s’ils font des histoires, chacun s’estimant lésé de ne pas être mentionné en premier, ils ne recevront jamais la lettre.
Quand les hommes et les femmes s’affrontent pour une affaire de place, c’est qu’ils ne savent pas poser correctement la question. Les femmes se plaignent que les hommes aient pris la première place, elles trouvent que c’est injuste. Et c’est vrai, dans la mesure où on a confondu place et valeur, c’est injuste. Mais si elles n’ont comme solution que de prendre, à leur tour, cette première place, ce sera tout aussi injuste. Donc la question de la place est secondaire, c’est la valeur qu’il faut considérer et respecter.
Si, dans le nom de Dieu, les initiés ont placé le principe masculin avant le principe féminin, ce n’est pas parce qu’ils pensent que le principe masculin est plus important que le principe féminin, mais parce qu’ils s’inclinent devant le symbolisme cosmique. Symboliquement, le principe masculin représente l’esprit ; et le principe féminin, la matière. L’esprit qui est subtil, volatil, a tendance à s’élever vers les hauteurs, tandis que la matière, plus pesante, tend plutôt vers le bas. Mais chacun a besoin de l’autre ; l’esprit a besoin de la matière pour s’incarner et la matière a besoin de l’esprit pour être animée. La création n’est que le résultat de cette rencontre de l’esprit et de la matière. Dans une famille, on ne peut pas dire que le rôle ou la responsabilité du père soient supérieurs ou inférieurs à celui de la mère. Les deux sont de même valeur, de même importance, puisque l’un et l’autre sont indispensables pour créer un enfant.
Le jour où les hommes et les femmes comprendront ce qu’ils représentent en réalité, la vie changera complètement, la vie familiale, la vie sociale, la vie économique et même la vie cosmique. Alors le Royaume de Dieu viendra sur la terre. S’il n’est pas encore venu, c’est parce que les hommes et les femmes ne savent pas comment se regarder, s’apprécier, se connaître, se comporter les uns envers les autres. Oui, surtout se comporter. Mais le comportement dépend de la façon dont chacun pense et envisage les choses.
La place respective du masculin et du féminin… Il faudra bien qu’un jour les hommes et les femmes finissent par régler ce problème qui ne cesse de les dresser les uns contre les autres. Pendant des siècles, des millénaires, l’homme a fait peser sa domination sur la femme, et maintenant on commence à voir la situation s’inverser : la femme devient audacieuse, elle n’accepte plus d’être soumise à l’homme, elle veut avoir les mêmes droits que lui, elle est même prête à jouer son rôle, à lui prendre sa place. C’est normal, c’est la loi de compensation qui joue : l’homme est allé trop loin. Au lieu d’être un modèle d’honnêteté, de bonté, de justice pour conserver l’estime et l’admiration de la femme, il a abusé de son autorité et de sa supériorité physique sur elle, il s’est donné tous les droits et n’a imposé à la femme que des devoirs. Comment pouvait-il espérer que cette situation allait durer éternellement ?
En réalité, la femme a naturellement besoin d’admirer l’homme, de reconnaître son autorité, sa force. Mais s’il se compromet, comment peut-elle lui reconnaître une quelconque supériorité ? Pendant des siècles sa révolte est restée intérieure, mais maintenant les conditions ont changé, l’homme s’est affaibli, il a perdu quelques positons stratégiques, et la femme s’est armée, elle s’est emparée de ces positions ; de plus en plus elle se montre capable, et manifeste des qualités de décision, d’intelligence, de courage : pourquoi devrait-elle garder une position subalterne ? Si l’homme ne se reprend pas, s’il ne fait pas d’efforts, s’il ne s’améliore pas, la femme lui donnera une telle leçon qu’il s’en souviendra pendant des milliers d’années.
Mais i, à son tour, la femme dépasse les limites, si elle commet le même genre de fautes que l’homme, pendant un moment peut-être elle réussira, elle donnera son avis sur tout, elle se mêlera de tout, elle régentera tout, mais elle finira par perdre elle aussi les avantages qu’elle a acquis. Il y aura d’autres renversements, les hommes se réveilleront, ils réagiront, ils reprendront le pouvoir. Et la même comédie recommencera…. Jusqu’à quand ? Jusqu’à ce que la sagesse vienne chez les uns et les autres. Et alors vraiment, ils se reconnaîtront égaux, pas égaux dans les mêmes régions, mais égaux par l’importance de leurs fonctions respectives.
Comme la femme est plus proche de la matière, elle est plus réaliste, plus concrète, elle a plus de bons sens. Tandis que l’homme est plus à l’aise dans le plan mental, dans le domaine de l’abstraction, et il a tendance à se perdre dans des théories qui finissent par n’avoir plus beaucoup de rapport avec les réalités de la vie quotidienne. Il tient des discours, il échafaude des plans mais souvent ses discours ne restent que des mots, et à l’usage ses plans se révèlent irréalisables. C’est pourquoi, quand elle entend l’homme se perdre dans ses théories, souvent la femme s’ennuie ou se moque de lui.
Le comportent, l’attitude de la femme est en rapport avec ses aptitudes à la maternité, et même si elle n’a pas d’enfant, elle manifeste plus spontanément que l’homme ces qualités maternelles que sont le dévouement, la compassion, la sollicitude à l’égard des êtres plus faible set de toutes les créatures vivantes. Regardez : combien de temps faut-il à un homme pour participer à la création d’un enfant ? Quelques instants, et ensuite il peut ne plus s’en préoccuper, oublier qu’il a fait un enfant ou même ne pas le savoir. Tandis qu’une femme, comment ne saurait-elle pas ou oublierait-elle qu’elle porte ou qu’elle a porté un enfant ? Et quand il est né, comment ne pas s’occuper de cet être si faible et si délicat ? Alors que, souvent, l’homme est déjà parti ailleurs… Qu’on le veuille ou non, le rôle de l’homme et de la femme dans cet acte tellement fondamental de la perpétuation de la vie influe sur leur tempérament et leur manière de considérer les choses.
Omraam.