Nous sommes « bons » mais nous pouvons devenir violents
Nous pouvons devenir violents quand il le faut. Nous pouvons frapper quelqu’un et lui enlever la vie pour protéger notre famille et nous-mêmes. Nous pouvons trahir notre instinct de bonté afin de survivre. Ce sont alors les conditions dans lesquelles nous nous trouvons qui deviennent le catalyseur.
Notre violence peut être déclenchée par des circonstances que nous croyons menaçantes pour nous en tant qu’individus, pour notre famille, notre communauté ou notre nation. Ces circonstances peuvent être réellement menaçantes ou seulement perçues ainsi. Ce qui importe, c’est que nous nous sentons menacés. Que nous soyons seuls ou avec d’autres, nous pouvons trahir notre nature pacifique quand :
– nous nous sentons personnellement menacés,
– nous sentons que notre famille l’est,
– nous sentons que notre vie l’est.
C’est lorsque nous trahissons notre « bonté » fondamentale que nous sommes témoins des plus sombres aspects de nous-mêmes. C’est peut-être précisément à cause de ces conditions que nos ancêtres les plus lointains ont choisi la guerre il y a 10 000 ans. Ayant affronté des changements climatiques et une pénurie des nécessités de la vie – nourriture, eau, ressources, partenaires pour se reproduire – ces gens ont vu leur besoin de compétition surpasser dans leur esprit les avantages de la coopération. Ou bien ils se sont sentis menacés personnellement ou ils ont cru que leur famille l’était, ou que le mode de vie auquel ils étaient habitués se trouvait en danger. En présence de ces menaces, ils ont trahi leur nature profonde.
Comme pour toute généralisation en ce qui concerne les gens, il y a toujours des exceptions. Dans chaque société, des statistiques semblent réfuter l’existence de notre bonté alors que des individus expriment les traits humains les plus sombres que la plupart d’entre nous abhorrent et s’efforcent d’éviter. Presque toutes les générations ont connu les pires cauchemars, la terreur que l’on peut qualifier « d’incarnation du diable » à cause de tueurs en série comme Jack l’Eventreur ou Ted Bundy, qui semaient la panique dans des quartiers paisibles.
En de rares occasions, de tels individus accèdent à des postes de pouvoir. Utilisant leur charisme pour séduire des armées entières afin qu’elles réalisent leurs plans, ils commettent des atrocités contre les autres races, les autres nations et même contre leur propre peuple, des actes impensable pour les gens sains et raisonnables. Cependant, de tels moments d’obscurité pour notre espèce illustrent davantage ce que nous faisons dans des circonstances extrêmes plutôt que ce que nous sommes par nature. Heureusement, les Pol Pot (nom réel : Saloth Sath, les Adolf Hitler, les Saddam Hussein, ainsi que les organismes terroristes, sont l’exception plutôt que la règle.
Le milieu de la nature est largement reconnu comme un terrain de démonstration pour des expériences d’unité, de coopération et de survie chez les insectes et les animaux. D’après les leçons que nous enseigne la nature, il est indéniable que l’unité et la coopération sont avantageuses pour les êtres vivants. Des stratégies éprouvées que nous observons dans le monde qui nous entoure peuvent nous servir de modèles pour notre propre survie. Cependant, pour les appliquer, il faut tenir compte d’un autre facteur qui existe dans notre monde et qui n’apparaît pas dans le règne animal. En tant qu’individus et en tant qu’espèce, avant de changer notre mode de vie, nous devons savoir généralement « où nous allons » et ce que nous y trouverons ; Il nous faut savoir si le résultat en vaudra la peine.
De plus en plus de preuves scientifiques indiquent qu’en l’absence de conditions nous incitant à des actions animales, nous préférons, quand nous en avons l’occasion, vivre dans la paix et la compassion qui correspondent à l’aspect bienveillant de notre espèce. Autrement dit, les conditions de la vie semblent corroborer ce que la science a découvert. Quand les trois conditions que nous privilégions dans la vie sont remplies – c’est à dire que nous nous sentons en sécurité, que notre famille est en sécurité que notre mode de vie est sûr – nous laissons notre vraie nature transparaître dans tous nos actes. Comment savoir avec certitude que ces trois conditions sont remplies ?
Le poète Carl Sandbourg, lauréat du prix Pulitzer, a répondu à cette question en quelques mots : « Un jour, une guerre sera déclarée, mais personne ne viendra ».
Extrait du livre de Gregg Braden : Vérité essentielle – Activer la mémoire de nos origines, de notre histoire et de notre destinée aux Editions Ariane