Se laisser guider par sa présence
Nous avons différentes possibilités de pouvoir regarder le monde qui nous entoure. Nous avons la possibilité de nous arrêter à notre point de vue personnel ou nous pouvons aussi nous ouvrir à d’autres points de vue, nous permettant alors de percevoir différemment notre monde. Si on arrive à s’ouvrir à tous ces points de vue, cela permet d’englober notre vision pour l’acheminer à un autre niveau de perception. Si nous voyons à travers tous ces points de vue, nous ne voyons plus à travers une vision tronquée de ce qui se passe, mais à travers une perception globale de là où nous nous trouvons.
Pour nous permettre de réellement nous ouvrir à une vision globale et mieux à une perception unitaire, le point de vue horizontal et donc mental doit être peu à peu dépassé. Pour élargir l’horizon de son expérience, l’être a besoin d’expérimenter d’autres dimensions pour lui permettre de s’ouvrir à ce qui le contient pour l’instant.
L’expérience du vide nous donne cette possibilité de pouvoir expérimenter les autres dimensions dont nous n’avons plus du tout conscience. Plus on expérimente ces autres dimensions de l’être et plus notre point de vue horizontal s’élargit afin d’englober peu à peu toute notre expérience. Ainsi, dans ce tout expérimentable, on sort des points vus segmentés du mental pour se rapprocher peu à peu de l’expérimentation du champ, de la totalité de la conscience et donc on s’ouvre une porte sur l’unité de l’être.
Quand on arrive à expérimenter ce tout en nous, on sort peu à peu du filet mental, afin de s’ouvrir à la présence qu’il y a en nous. Cette présence, plus on s’y ouvre en pleine conscience, plus on la laisse agir à travers nous et plus elle nous achemine dans une expérience totalisante et englobante, dans le but de pouvoir nous transférer de plan en plan. Ainsi, plus on va la laisser agir en soi, dans le silence total, dans une place ouverte et consciente, et plus on va sentir en soi, tout notre corps réagir.
Tout ce que l’on ressent est un cheminement énergétique pour amener notre conscience à pouvoir passer d’un plan à un autre. Cette expérimentation n’est possible que hors du mental, dans l’instant présent et laissant faire notre présence, sans aucune intention que d’être le spectateur de la merveille qui s’active en nous.
C’est de cette manière que l’on va apprendre à éclairer le vide. Éclairer le vide, c’est trouvé toute la saveur de notre vie grâce à la compréhension de ce haut sens que nous avons perdu, de cette perception verticale que nous avons oubliée. Comme nous nous sommes laissés habituer à voir le monde seulement à travers les lunettes déformantes de notre mental, de notre ego, nous ne voyons notre réalité qu’à travers une perception toute horizontale qui nous avait coupés de toutes les autres dimensions de notre être.
Il existe ainsi différentes visions possibles qui subsistent et œuvrent ensemble, mais comme elles ne sont pas sur les mêmes niveaux, elles apportent chacune une vision différente. Il est important de pouvoir baliser conceptuellement ces différents niveaux comme ces différents points de vue afin d’intégrer une totalité intelligible qui nous donnera alors l’occasion de pouvoir arpenter tous ces points de vue et donc toutes ces dimensions.
Ce point d’où tout part, est notre conscience qui est sans cesse dirigée dans une seule direction. Cette direction, dans notre réalité actuelle, a été orientée dans un même plan, dans un même horizon dimensionnel qui est dû à l’influence du plan mental. Dans ce plan, notre conscience, qui est le point central, a pourtant la possibilité de voir tout autour de lui. Ceci est devenu son plan d’expérimentation exclusif, et ainsi il ne pouvait pas voir en direction du bas ou du haut, car il n’avait pas conceptuellement la possibilité de percevoir ce qui n’existe pas dans sa propre manière d’interpréter son monde.
Il est important de comprendre cette limite conceptuelle, comme cette limite d’expérience dans notre horizon perceptuel intérieur. La limite de ces points de vue reste et restera en soi, dans notre manière de percevoir le monde. Nous pouvons ainsi changer notre point de vue horizontal, afin de l’orienter de manière verticale dans le but d’entrevoir toutes les autres réalités desquelles nous sommes coupées.
Ce changement de regard est très important ! Car c’est à travers l’orientation de ce que l’on regarde que l’on peut en faire l’expérience et donc que l’on peut l’intégrer dans une nouvelle manière de voir notre réalité. Comme tout ce que l’on perçoit dans notre réalité provient de notre vision intérieure, nous avons besoin d’agrandir cette perception intérieure afin d’agrandir le champ des possibles au niveau extérieur.
Mais la seule réelle manière de s’ouvrir la perception intérieure est de pouvoir faire son expérience. C’est tout le dilemme, mais une fois compris, l’important est donné exclusivement à l’expérience. Pour permettre d’en avoir une idée, voici une expérience de ce type :
« Je suis vide, concentré exclusivement sur ce que je ressens. Je ne suis pas enfermé dans un point de vue mental, je n’ai aucune pensée qui me traverse, j’observe seulement ce que je ressens dans mon corps. De multiples réactions s’activent dans mon corps. Je focalise au fur et à mesure que les réactions arrivent, puis je me laisse guider à travers ce chemin de sensation.
L’expérience de la sensation de mon corps est un tremplin qui va permettre à ma conscience d’être transférée d’un plan à un autre, exclusivement à travers ce que je ressens. Mes sensations deviennent ainsi une route balisée par tout ce que je vais ressentir pour m’acheminer de dimension en dimension.
À un moment donné, je ne ressentirai plus rien dans mon corps physique, mais je commencerai à sentir des choses dans mon corps énergétique, ainsi je sais à ce moment que ma conscience est passée dans une autre dimension. Cette autre dimension est discernable, car elle se ressent à travers un tout, un champ et donc une totalité. Ce n’est plus un point ou une partie de mon corps physique, mais c’est tout le champ énergétique que je ressens alors.»
D’une certaine manière, le cheminement sensitif m’a permis d’entreprendre à travers les sensations et les réactions corporelles, comme l’activation d’une nouvelle expérience sur un autre plan d’expérience. Comme nous passons d’une expérience formelle, corporelle, duelle à une expérience informelle, informationnelle et donc unitaire, on a besoin de ce processus de passage, de ce moyen de transférer notre conscience.
Pour atteindre cette dimension énergétique, on peut imaginer le processus du point de vue, qui est issu d’un centre, et donc qui ne voit qu’une partie de l’expérience. Pour pouvoir passer à ce qui transcende le mental, on peut expérimenter sans la pensée, donc sans le point de vue, en s’ouvrant simplement à la présence en nous. Cette présence ne provient pas du mental, mais de ce que nous sommes réellement.
Comme elle est ancrée dans toutes les dimensions, elle peut nous aider, si on la laisse totalement faire, à nous acheminer sur d’autres dimensions de l’être. Ainsi, le fait de juste focaliser notre corps à travers toutes les sensations et réactions qui s’y passent, nous permet de suivre d’une certaine manière les agissements de cette présence et nous, comme si elle mettait en place une procédure de sortie ou d’extraction de notre conscience du mental.
Ainsi, elle nous permet de passer d’un sentiment d’isolement à un sentiment d’expansion, jusqu’à ressentir en soi comme un tout, un champ et donc une certaine unité. C’est de cette manière qu’elle nous permet de transcender notre manière formelle à une manière informelle qui seule pourra ensuite nous acheminer dans toutes nos autres dimensions de l’être.
Nous sommes un champ de conscience et c’est pour cela que nous avons besoin de palier pour passer de l’illusion du corps séparé au véritable champ de conscience dans lequel nous sommes sans cesse ancrés. C’est juste une histoire de focalisation de notre conscience et comme nous avons oublié comment pouvoir détourné notre regard de cette dimension exclusive mentale, nous avons besoin ainsi de trouver un moyen pour nous en sortir.
Notre présence est l’ultime moyen, mais pour cela, on doit apprendre à sortir de notre absence journalière pour retrouver finalement toute notre présence qui s’y cache à chaque instant…