Sur les Terres de sa naissance
Une nouvelle humanité
Comment serait l’humanité si les petits d’Hommes que nous mettons au monde étaient reconnus dans leurs compétences, leur dignité et leur unicité ?
Comment serait l’humanité si le bébé était accueilli comme un Maître rayonnant de vie qui nous enseigne les chemins pour réveiller notre vivant ?
Imaginez derrière vous ces parents idéaux qui vous accueillent en Maître dans le respect et la dignité qui vous sont dus. Qu’est-ce que cela change en vous, dans votre corps ? Respirez cela pour vous en imprégner : qu’est-ce que cela changerait dans votre vie ?
« Le sage qui veut changer le monde doit commencer par la naissance » disait William Reich.
Que pouvons-nous faire aujourd’hui chacun à notre manière pour contribuer à cette nouvelle humanité ?
Revenir sur les Terres de la Naissance
Aujourd’hui toutes les conditions sont réunies pour apporter une autre conscience dans la naissance. C’est ce qui m’amène à créer les Sommets de la Naissance et à proposer toute une gamme d’accompagnements dans le cadre de la maternité.
Nous savons aujourd’hui que tout ce que nous faisons en conscience pour un bébé ou un enfant nous donne la possibilité de prendre soin de l’enfant que nous avons été et de lui apporter ce qui lui a manqué. Cela permet de transformer en profondeur les processus de survie que nous avons mis en place à partir de nos blessures et de nos manques de reconnaissance.
Donc chacun de nous à chaque instant peut contribuer à l’évolution de l’humanité en prenant conscience des étapes de la naissance et de la manière dont elles se répètent tout au long de notre vie nous donnant ainsi la possibilité de les vivres autrement.
L’art de naître
Et de renaître chaque jour dans un monde en mutation
Je suis passionnée par la naissance, car je trouve que ce passage de la vie contient toutes les clés de l’évolution personnelle d’un être humain. La vie nous amène à franchir ces étapes en étant autant à la place de la femme qui met au monde qu’à celle de l’enfant qui se lance dans la vie ou même à celle de l’homme qui garde le seuil.
L’étude approfondie de la physiologie (1) de l’accouchement m’a conforté dans ma perception du corps qui nous conduit méticuleusement vers ce qui vit en nous avec comme guide le plaisir profond ou, à défaut, la douleur.
C’est riche de cela que je propose aux femmes et aux hommes aujourd’hui de se mettre au monde. Cela leur permet autant de transformer profondément et durablement leur mémoire cellulaire en leur ouvrant d’autres « possibles » dans tous les domaines de leur vie, que de soutenir la puissance des enfants qui naissent aujourd’hui et portent les bases d’une nouvelle humanité.
Pour illustrer mes propos j’ai choisi un grand passage de la naissance parmi toutes les étapes de ce moment unique. Chacune d’elles est, à sa manière, riche d’enseignement pour notre évolution personnelle. Chaque passage peut se lire dans la mise au monde de l’enfant comme dans notre quotidien en prenant conscience que nous rejouons régulièrement ce qui c’est joué à ce moment de notre vie. Ainsi en revisitant ces moments, vous allez pouvoir non seulement mettre à jour des pans entiers de votre existence mais aussi transformer certains rapports au monde et à vous-même et en même temps vous contribuer à ouvrir une autre manière de naître au monde pour un être humain.
La symphonie de la Naissance
Et ses 2 tempos majeurs
Lors du processus de la naissance, l’enfant va prendre deux décisions fondamentales pour son avenir :
– la décision de vivre pour continuer d’évoluer. Elle enclenche le processus d’accouchement
– la décision de s’engager activement dans la vie.Elle enclenche le processus d’expulsion
Je vais m’appuyer sur la première pour illustrer mes propos.
La décision de vivre
Qu’est-ce que cela représente pour lui ?
Le processus de la naissance s’enclenche lorsque l’enfant prend la décision de naître. Cela se passe, la plupart du temps, lorsque ses poumons et ses reins sont matures et qu’il est prêt à se lancer dans l’aventure de la vie sur Terre. De façon imagée, il se dit : « c’est OK, je suis prêt ! J’y vais. » Et il appuie sur le bouton qui enclenche l’ouverture de la porte.
Si ce temps n’a pas été respecté, l’enfant n’a pas intégré ce « je suis prêt ». Il peut en résulter qu’il se sent toujours bousculer, qu’il attende que d’autres lui disent que c’est le moment, qu’il n’ait pas accès à ses sensations…
Où en êtes-vous par rapport à cette sensation que tout est OK, que vous êtes prêt ?
Jusque-là, le petit enfançon s’est construit dans une matrice, véritable contenant protecteur qui lui a permis de grandir et de se créer. Cette matrice et celle qui le porte sont tout pour lui. Mais il arrive aux limites de cette matrice et, s’il veut continuer de vivre, donc de grandir et d’évoluer, il lui faut quitter celle-ci pour en trouver une plus appropriée.
Nous passons notre temps à reconstituer des matrices (travail, couple, cercle d’amis, famille…) qui nous permettent de grandir et d’évoluer jusqu’à un certain stade. Quelles sont vos matrices actuellement ? Comment vous sentez-vous dedans :
– Quelles sont celles qui vous permettent encore d’évoluer ?
– Celles où vous vous êtes installé dans une routine confortable ?
– Celles dans lesquelles vous vous ennuyez ou qui commencent à vous peser ?
Plusieurs choix se présentent alors à lui :
– Décider de vivre et enclencher le processus tout en sachant qu’il ébranle ainsi cette précieuse matrice (donc sa mère). Dans ce cas il écoute son vivant et fait confiance à l’autre dans sa capacité à gérer les secousses qu’il va créer. Le fait de le vivre au moment de sa naissance encourage l’enfant dans ce processus surtout si sa mère s’ouvre et se lance dans l’aventure de l’accouchement.
– Choisir de préserver la matrice (donc sa mère) en se couper de son vivant. Dans ce cas, soit on déclenchera le processus pour lui (artificiellement ou par césarienne), soit il se laissera mourir. Dans ce cas (comme dans le cas où on ne lui laisse pas le temps de sa décision), il n’a pas l’information qu’il peut être acteur et poser sa décision ou il cherchera toujours à épargner l’autre quoi qu’il lui en coûte.
Que faites-vous lorsque vous arrivez à la limite d’une matrice ? Est-ce que :
– Vous vous endormez tranquillement dans cette matrice confortable même si elle est un peu étroite ?
– Vous vous effacez et vous soumettez à tout ou partie de la matrice ?
– Vous explosez tout et cherchez une nouvelle matrice qui sera probablement similaire ?
– Vous vous positionnez avec justesse quitte à ce que l’autre se « cabre » en offrant la possibilité e faire évoluer les choses ?
Je rencontre bien souvent des personnes qui préfèrent se couper de leur vivant plutôt que d’ébranler la matrice par peur de la blesser ou par peur de se lancer dans l’inconnu et de perdre ce contenant rassurant. De quoi ont-ils besoin pour prendre de nouveau cette décision de vivre pour continuer d’évoluer au risque d’ébranler leur matrice ?
Qu’est-ce que cette décision implique profondément ?
Cette décision implique :
– d’être à l’écoute de notre vivant (donc de notre plaisir profond)ou de ce qui nous gêne (résistance, douleur…) lorsque le contenant devient trop étroit.
– de respecter notre vivant et d’avoir suffisamment foi en nous ainsi qu’en la vie pour nous lancer dans l’inconnu.
– d’accepter l’idée d’ébranler ce qui constitue la matrice (travail, couple, cercle d’amis, famille) au risque de les blesser voire de les perdre.
– de faire confiance à cette matrice dans sa capacité à se mettre en mouvement pour grandir elle aussi et évoluer.
L’idée n’est pas de détruire la matrice mais bien d’aller au-delà pour grandir. Lors de la naissance, l’enfant, par sa décision donne la possibilité à sa mère de grandir et d’évoluer. Il n’est pas responsable de la manière dont sa mère va se lancer dans cette aventure : si elle s’ouvre ce sera simple, si elle résiste ce sera compliqué. S’il n’ose pas la bousculer, il ne lui donne pas cette possibilité de se mettre en mouvement.
Il en est de même dans notre quotidien, à chaque fois que nous faisons des concessions pour ne pas perturber l’autre, pour ne pas le blesser… Nous risquons de ne pas lui donner une occasion de grandir. C’est ce qui se passe bien souvent dans les couples : soit nous faisons avec (nous nous laissons étouffer par cette matrice), soit nous explosons le couple (donc nous évitons le passage qui nous permet de grandir et risquons de reconstituer une matrice similaire avec des situations qui se répètent), soit nous nous positionnons et donnons au couple la possibilité de grandir.
Ainsi, la manière dont nous avons été soutenu ou simplement respecté dans cette décision de vivre influence bien des attitudes que nous avons dans notre quotidien.
Conclusion
Plus nous accompagnerons en conscience la vie de l’être qui va venir, plus nous l’accueillerons avec une noble qualité de présence, plus la vie qu’il va construire sera l’expression de ce qu’il a reçu à ce moment précieux. Ne va-t-il pas construire le monde dans lequel nous allons vivre demain ?
En remettant à jour ces passages dans notre mémoire cellulaire, nous transformons ce qui nous a manqué afin de nous l’apporter aujourd’hui. Ainsi les enfants d’aujourd’hui, que ce soit les nôtres ou ceux que nous croisons sur notre chemin, pourront s’appuyer sur nous pour déployer leurs ailes. N’avez-vous jamais remarqué la puissance de ce regard que les jeunes enfants posent sur nous : ils téléchargent l’information de ce que nous avons transformer. Ils cherchent en nous le fait que c’est possible ! C’est possible de vivre dans un corps humain en rayonnant la puissance de son être essentiel.
Maïtie Trélaün
Sage-femme, auteur et praticienne en coaching thérapeutique ( www.naitre-femme.com )