Il est où le bonheur, il est où… ?

Il est où le bonheur, il est où… ?

De tout temps, l’homme a cherché le secret du bonheur. Dans leurs propres termes, religions, traditions spirituelles, philosophies et science moderne lui ont révélé la voie vers cet « état durable de plénitude », à ne surtout pas confondre avec les plaisirs éphémères qui ponctuent la vie quotidienne de tout un chacun. Le dicton « l’argent ne fait pas le bonheur » prend ici tout son sens. On peut être riche et être malheureux. On peut être pauvre et parfaitement heureux. Les grandes religions et traditions spirituelles ont transmis ce même message universel : la vérité ultime de la vie réside en chacun d’entre nous.

Aristote en parlait en termes d’Être, Platon en termes d’Infini, le Bouddhisme en termes de Nirvana, la Tradition Védique en termes de Yoga, le Taoïsme en terme de Tao, le Judaïsme en termes de En Sof, l’Islam en termes de Fana et le Christianisme en termes de Royaume des Cieux. Bien que différents en apparence, ces termes évoquent une seule et même réalité transcendantale universelle que chaque être humain peut expérimenter, indépendamment de son statut social et de ses croyances. L’En Sof de la Cabbale signifie littéralement « sans fin », allusion à l’infini qui est pour les cabalistes l’essence transcendantale cachée donnant accès au Divin. Terme soufi de l’Islam, le Fana signifie littéralement anéantissement ou détachement des objets des cinq sens faisant place à la contemplation du Divin et à l’élévation de l’esprit. Prêtée à Jésus, l’expression « Heureux le simple d’esprit, le Royaume des Cieux lui appartient » traduit à sa manière cette même réalité : lorsque l’esprit s’apaise pour atteindre son état le plus simple, il entre dans le Royaume des Cieux.

Qu’en est-il de cette quête nos jours ? Bien sûr, l’homme moderne s’est fortement éloigné de la nature comme de sa propre nature. Pourtant, cette aspiration est encore plus vivace, même si le contexte a fortement changé. Une recherche sur le terme ‘bonheur’ sur le moteur de recherche Google affiche 118 millions d’occurrences ! Affichée en premier, la définition de l’encyclopédie Wikipédia nous éclaire peu sur le sens profond de ce terme : « Etat durable de plénitude, de satisfaction ou de sérénité, état agréable et équilibré de l’esprit et du corps, d’où la souffrance, le stress, l’inquiétude et le trouble sont absents. Le bonheur n’est pas seulement un état passager de plaisir, de joie, il représente un état d’équilibre qui dure dans le temps. C’est un concept qui a été étudié en philosophie, psychologie et sociologie.» Cette définition, qui ne cache aucunement sa trame laïque, ne nous éclaire aucunement sur le chemin qui mène au bonheur. Elle explique que de nombreuses études sur le sujet deviennent de simples enquêtes à caractère sociologique. Leur credo ? A défaut de savoir ce qui rend heureux, regardons simplement les pays où il fait bon vivre. Sur une échelle du bonheur concoctée par des sociologues, l’ONU publie chaque année son World Happiness Record. Y sont pris en compte des facteurs tels que le PIB/habitant, l’espérance de vie, l’absence de corruption ou encore la liberté sociale. A cet exercice éloigné de la quête spirituelle, le Danemark et la Suisse caracolent en tête de liste alors que la France n’arrive qu’en 32ème position. Que disent les jeunes au sujet de leurs aspirations les plus profondes? Une récente étude sur la ‘Génération Y’ a montré que 80 % d’entre eux aspiraient à être riches et 50 % à devenir célèbres ! Quels enseignements peut-on tirer de ces données…sinon qu’elles

Heureusement, d’autres études scientifiques méritent qu’on s’y arrête car elles apportent une vraie matière à réflexion sur ce sujet, oh combien, capital. L’étude la plus significative a été conduite pendant 75 ans à l’Université de Harvard, la plus longue étude consacrée à ce qui rend les gens vraiment heureux. A titre indicatif, rappelons que la durée moyenne de ce genre d’études n’excède pas la dizaine d’année. L’étude de Harvard a porté sur 724 participants. Au départ, ils ont tous rempli un questionnaire et subi un examen médical. Après quoi, ils ont été interrogés ainsi que leurs parents une fois par an par quatre générations de chercheurs. Le psychiatre Robert Waldinger est le dernier en date. Lors de la dernière mise à jour de l’étude, il précise que 60 participants sont toujours en vie, tous âgés de plus de 90 ans. Sur les 724 participants, certains ont gravi l’échelle sociale, d’autres non. Un est devenu président des Etats-Unis, un est devenu alcoolique et un autre schizophrène. Certains sont devenus ouvriers et d’autres médecins ou avocats. Au début des années 2000, il décide d’interviewer également les épouses. Trois leçons ont été tirées des milliers de pages de ce gigantesque travail. Un : les relations sociales renforcent le bonheur et la santé alors que la solitude détériore la santé. Les personnes les plus connectées à la famille, aux amis et à la communauté sont les plus heureuses ainsi que celles qui vivent le plus longtemps. Deux : la qualité des relations est essentielle. Vivre au milieu de conflits n’est bon ni pour le mariage ni pour la santé. Les octogénaires sont ceux qui ont bénéficié du meilleur climat relationnel. Trois : rien de mieux que de bonnes relations pour protéger le cerveau. Convaincu par l’importance de ces découvertes, le psychiatre américain conseille alors de remplacer les ‘heures de télé et d’Internet’ par des ‘heures de vraies relations humaines’. En clair, n’hésitez pas à organiser des dîners, des promenades, à appeler des amis dont vous êtes sans nouvelles depuis longtemps, etc.

A propos du même sujet, le médecin vice-amiral Vivek Murthy, spécialiste reconnu de santé publique, livre son expérience à la Visitacion Valley School de San Fransisco. Selon lui, le bonheur est un état qui peut être cultivé par des exercices de gratitude, de l’activité physique, des relations sociales et de la méditation. La Visitacion Valley School figurait avant 2007 parmi les plus violentes de la ville. Le secteur de cette école avait une sale réputation avec plus de 38 crimes par an, ce qui n’était pas sans conséquence sur le psychisme des élèves. Malgré le scepticisme du directeur, la méditation transcendantale a été introduite auprès des élèves comme des enseignants. A peine un mois après le début de cette pratique, des changements significatifs interviennent. Le nombre d’affrontements baisse de manière substantielle. Les désaccords persistent mais sont exprimés de manière verbale. Les scores au test de Self Happiness progressent. Les notes s’améliorent. Les enfants semblent si heureux que l’école devient rapidement un véritable havre de paix. Ce constat apporte de l’eau au moulin des recherches menées sur la gratitude et la bienveillance par le Dr. Richard Davidson à l’Université de Madison dans le Wisconsin. Les travaux de ce spécialiste de la méditation de la pleine conscience montrent que la gratitude peut être cultivée par des exercices réguliers, de la même façon que l’on peut entrainer son cerveau à faire des mathématiques. Ces exercices activent les circuits du cerveau en rapport avec le bien-être et apprennent à voir le positif en chacun.

Apportant leur contribution à la compréhension du bonheur, les neurosciences ont mis en lumière le rôle clé de l’amygdale du cerveau dans la façon dont nous abordons les évènements. L’activité accrue de l’amygdale est liée à la dépression et à l’anxiété. Les travaux des psychologues William Cunningham de l’Université de Toronto et Alexander Todorov de l’Université de Princeton, publiés le dans Journal of Cognitive Neuroscience, montrent que l’amygdale était tout aussi impliquée dans la compassion et le bonheur. Les gens les plus heureux n’ignorent pas les menaces, ils voient simplement mieux le positif. Ce constat a été fait suite à l’examen de clichés obtenus par IRM de l’amygdale de quinze personnes à qui on a présenté des images à contenu positif et négatif. Les images négatives provoquent une activité immédiate de l’amygdale alors que les images positives nécessitent l’attention des participants pour cette activité soit également visible. La plupart des humains ont tendance à se concentrer sur les menaces, mais peuvent aussi bien se concentrer davantage sur le positif. L’amygdale est ainsi au cœur de la compassion et l’empathie. Cette étude suggère que les humains possèdent un instinct de compassion.

A la question « le bonheur implique-t-il de filtrer les événements négatifs de la vie ?», une autre étude publiée dans la revue Social Cognitive Neuroscience, William Cunningham et Tabitha Kirkland ont cherché à déterminer si l’amygdale des gens plus heureux réagissait différemment à des stimuli positifs et négatifs par rapport à celle de personnes moins heureuses. Ils ont enregistré pour cela l’activité de l’amygdale de 42 participants face à des images positives, négatives et neutres. Les participants ont également rempli un questionnaire afin de déterminer leur niveau subjectif de bonheur. Résultat : les gens plus heureux ont une plus grande activation de l’amygdale en réponse à des images positives. Mais ils ne montrent aucune diminution de la réponse à des images négatives. L’activation de l’amygdale chez les plus heureux est donc tout aussi élevée pour des stimuli positifs que négatifs. Ces derniers ne sont donc pas nécessairement naïfs ou aveugles à la négativité, ils reconnaissent à la fois les bonnes et les mauvaises choses de la vie. Ces travaux suggèrent que d’être en mesure de répondre à des informations négatives et positives peut être une composante du bonheur.

Les neurosciences nous apprennent par ailleurs que la sérotonine et la dopamine sont les hormones du bien-être et du bonheur. Plusieurs études montrent que le stress réduit la production de sérotonine, affectant notre bonheur intérieur et provoquant migraines, troubles du sommeil, anxiété, accès de colère, troubles alimentaires, toxicomanies, etc. De la même manière, la dopamine est importante pour l’équilibre et le bien-être de l’organisme. Si elle est en baisse, elle entraîne des troubles comportementaux et des tremblements conduisant à terme à la maladie de Parkinson. En revanche, si elle est produite en bonne quantité, la personne devient plus motivée, plus joyeuse, plus forte et plus courageuse. Attention car, en excès, elle provoque des hallucinations et des troubles comportementaux tels que l’hypersexualité, l’addiction au jeu, etc. L’expérience de la transcendance – apportée par la méditation transcendantale ainsi que par les techniques de la famille des méditations à transcendance automatique – rééquilibre la production naturelle de sérotonine, augmentant ainsi le niveau de bonheur. Certains aliments comme les noix, riches en tryptophanes, renforcent la production de sérotonine.

Conclusion ; en conseillant de se coucher tôt afin d’améliorer la production des hormones du bien-être, un régime ‘satvique’ comportant plusieurs aliments dopant la sérotonine, la pratique de la méditation transcendantale, qui améliore entre autre les relations de couple, ainsi que les Rasayanas du Comportement tels que la gratitude, le maintien de bonnes relations, le respect des anciens ou encore le non-jugement, l’Ayurvéda Maharishi nous met directement sur le chemin du bonheur. Il ne nous reste qu’à avancer et à progresser sur la base d’une pratique quotidienne qui est aussi le chemin d’une pratique spirituelle en accord avec les enseignements de toutes les grandes religions.

Jo Cohen

http://la-voie-de-l-ayurveda.com

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