L’âme et le mystère de la réincarnation

L’âme et le mystère de la réincarnation
Le transfert d’un état de conscience à l’autre, lors du passage de la vie à la mort, reste encore un sujet mystérieux. Selon Bernard Baudouin, le processus d’incarnation se réalise en plusieurs étapes et n’est pas synonyme de fin… mais de renouveau !

D’emblée, hors de tout contexte, le mot s’impose. Lourd de sens. Chargé de résonances lointaines. Enrobé de mystères d’autres temps. Évocateur d’images insolites, bien plus que naturelles, à la frontière du compréhensible.
De fait, avant même d’en chercher le sens profond, d’approcher les multiples interprétations qu’il suscite, sa seule évocation est déjà révélatrice de ce vers quoi il nous conduit.

En premier lieu, c’est de l’incarnation d’un être humain dont il est question. Celle-là même dont les dictionnaires disent que c’est « un acte par lequel un être spirituel s’incarne ; la forme sous laquelle cet être apparaît ».
Cela suppose que tout individu a initialement, à un degré ou à un autre, consciemment ou non et quelle qu’en soit la manifestation, une dimension spirituelle qui va de pair, en une imbrication subtile, avec sa dimension corporelle. Cette précision est d’importance car elle pose le principe fondamental de l’existence humaine et donne tout son sens à ce qu’est en réalité un chemin de vie s’inscrivant dans le temps.

Un être spirituel s’incarne donc dans la matière, avec un corps comme support – tel un « véhicule », selon certains -, pour une durée plus ou moins longue, pouvant aller de quelques instants à plusieurs décennies, avec autant de nuances possibles dans la conduite et la perception de cette existence qu’il y a d’êtres incarnés. Telle est la portée visible, immédiatement perceptible, de toute vie humaine.

Durant le temps que dure cette intégration d’une entité spirituelle dans la « matérialisation », par la pensée et dans ses actes les plus concrets, l’être fait des choix, s’investit et s’accomplit concrètement de mille manières dans les champs du possible, assumant avec plus ou moins de bonheur et de réussite ce qu’il a engendré.

Puis, un jour, vient le moment où cette incarnation arrive à son terme, de façon naturelle ou accidentelle. Il devient incontournable que le corps physique, de par sa constitution biologique ancrée dans la matière, doive disparaître, mettant fin au processus global qui engendre et perpétue toute vie humaine.
Dans le même temps qu’elle marque l’interruption définitive des fonctions vitales d’un organisme vivant, la mort physique met fin à l’incarnation spirituelle qui lui était associée.

C’est alors, face à l’évidence de la perte du corps, qu’une interrogation majeure nous interpelle soudain, avec une logique évidente : lorsque le « support corporel » n’est plus en mesure d’accueillir l’être spirituel qu’il l’a accompagné pendant la vie désormais terminée, que devient ce dernier ?
Et ce n’est là que la première des nombreuses questions qui bientôt vont nous interpeller.


Vivre en conscience

Pour comprendre ce qu’est la mort, quelle est sa portée réelle dans notre trajectoire et quelles peuvent en être les conséquences, il est essentiel de s’arrêter un instant afin de cerner précisément ce qu’est la vie, telle que chacun de nous la perçoit au jour le jour dans son quotidien le plus immédiat.

Dès la naissance, nous sommes doués de fonctions corporelles qui ne vont cesser de se développer, régulièrement alimentées à la fois par une nourriture basique entretenant nos systèmes biologiques, et par l’ensemble de nos activités courantes susceptibles de développer nos potentialités physiques dans divers domaines d’expression. Il nous revient alors, dans les choix que nous faisons, d’entretenir ce corps autant que possible afin de lui garantir une meilleure longévité.

Pour ce faire, c’est à notre conscience que nous devons faire appel. Si notre corps paraît fonctionner « tout seul » dès lors que nous l’alimentons correctement, en réalité, c’est la conscience que nous en avons qui détermine son évolution : la perception consciente de notre réalité physique, interne et externe, et du rapport de ce corps avec le monde qui l’entoure.

Toute vie humaine procède de cet équilibre, plus ou moins subtil, en pleine conscience ou sans y attacher une attention particulière, entre une existence corporelle, immédiatement perceptible de la plus concrète des manières, et cette autre part de nous-mêmes – désignée comme étant l’esprit, ou l’âme, selon les contextes – qui, bien qu’impalpable et invisible, n’en est pas moins le « vecteur » déterminant et décisionnel de tout ce que nous entreprenons et vivons.

Au fil des années, à mesure que les aléas de la vie et le temps forgent nos comportements, qu’une succession de choix oriente notre chemin de vie au quotidien dans l’univers matériel, notre conscience opère, encore et toujours, dans l’ombre du visible. Nos cinq sens alimentent nos moindres émotions d’un flot continu de perceptions, d’une multitude de sensations qui viennent influencer notre compréhension de nous­ mêmes et notre approche du monde, jusqu’à redéfinir notre vécu en permanence.

Car l’autre évidence qui s’impose, dès lors que l’on aborde le sujet de la mort, c’est que l’impermanence caractérise toute existence humaine. En effet, pour qui s’attarde à prendre un peu de recul dans l’observation de sa vie, il est clair que rien n’est jamais véritablement figé et immuable… comme nous aimerions parfois que ce soit le cas ! Au contraire, tout nouveau jour n’est qu’une longue suite d’énergies et de vibrations propres à chaque instant, au dehors comme au-dedans de nous, dans laquelle s’inscrit à la fois la mouvance incessante de notre évolution biologique et psychologique, mais aussi le cheminement de notre esprit.

Il faut y voir un « enseignement majeur » pour l’évolution de tout individu, qu’il est essentiel de comprendre pour appréhender clairement la véritable envergure d’une existence humaine.


Quand la mort vient

Lorsque toutes les fonctions du corps viennent à cesser, que la mort telle qu’on la conçoit traditionnellement est avérée, c’est une aventure qui prend fin. L’aventure d’une vie d’homme, de femme, ou de tout autre forme de vie. Oui aura duré des jours, des mois, des années. Alliant corps et esprit dans une même dynamique, en un temps et un espace donnés, avec cette fascinante magie de l’improbable ouvert à tous les possibles.
Une existence que la mort interrompt, c’est une porte qui se ferme, le mot « FIN » qui apparaît pour clore le film d’une vie. Du moins en est-il ainsi pour ce qui est du corps, dont tout démontre qu’il est parvenu à un point de non-retour dès lors que son fonctionnement organique ne peut plus entretenir le souffle vital de la vie.

Mais qu’en est-il réellement de cet autre composant de l’être qui, dans l’ombre du corporel, assurait une part non négligeable du vivant ?

De toute évidence, cet être spirituel, incarné dans un corps le temps d’une vie, n’avait rien de matériel… Il ne peut donc être directement affecté par la mort physique ! Ne reste qu’une interrogation fondamentale, qui ouvre la voie à de fascinantes perspectives : que devient cet « être spirituel » lorsque le corps qu’il a investi, auquel il a insufflé la vie, disparaît ?


Une autre définition de l’existence humaine

Le mot « incarnation » dévoile tout à coup sa véritable dimension. Il n’est plus simplement question d’une entité spirituelle intégrant une enveloppe charnelle, mais de la survie de ce que l’on appelait jusqu’alors l’esprit, ou l’âme, au-delà du seuil de la mort physique. Qu’une partie de l’être continue à exister au-delà de l’arrêt des fonctions corporelles, quelle que soit la définition que l’on donne à ce qui se perpétue, remet en question nos croyances d’hier et lève le voile sur une autre perception de l’existence humaine.

Ce dont il est question, désormais, dépasse clairement les limites de ce que nos sens nous permettaient hier de percevoir, nous amenant au-delà de ce qu’était auparavant notre champ de conscience.
Ce n’est rien moins qu’une autre définition de l’existence humaine qui nous interpelle soudain, remettant en cause la fin de vie – cette « finitude » jugée incontournable – promise à chacun de nous par nos traditions ou notre culture.


Une « perspective de survie »

La survivance de l’être spirituel qui a habité le corps défunt dévoile tout à coup une dimension jusqu’alors insoupçonnée de cette réalité complexe qui, en un temps et un espace donnés, permet à un être d’assumer une trajectoire humaine.
La mort physique n’en demeure pas moins une étape fondamentale dans l’évolution d’un homme ou d’une femme, marquant du sceau de l’inévitable les effets dégénérants que l’ancrage dans la matière impose aux processus biologiques. Cependant, l’arrêt des fonctions vitales entraîne, de fait, une dissociation du corps avec l’être spirituel qui ouvre la voie à ce qui s’apparente à une réelle « perspective de survie » bien plus concrète qu’il n’y paraît de prime abord.


Après la mort… mais aussi avant la vie !

Au-delà des apparences, de ce qui a tous les aspects d’une flagrante évidence, la survivance de l’être ne concerne pas uniquement ce qui perdure après la mort physique.

En effet, dès lors que l’on reconnaît à l’être spirituel une existence hors du corps avant son incarnation, on acquiert une vision particulière du sens donné à la mort corporelle, mais on en vient aussi logiquement à s’interroger sur sa position et son engagement avant la naissance … ce qui laisse entrevoir que cette dernière pourrait déjà être une renaissance.
Au terme de cette réflexion, il apparaît donc clairement que toute vie humaine ne peut raisonnablement être cantonnée à l’existence d’un corps dont la structure implique qu’il disparaîtra un jour : si la part non matérielle et impalpable de l’individu subsiste dans le temps, cela signifie que les quelques décennies vécues durant une incarnation ne sont en réalité que la part visible d’une trajectoire bien plus longue et importante. Dès lors, on peut concevoir que cette dernière soit constituée d’étapes ancrées dans la matérialité corporelle, alternant avec d’autres périodes au cours desquelles l’être spirituel n’est pas incarné dans un corps… telle une suite de traits d’union, tour à tour visibles et invisibles, d’une même continuité existentielle.

En conséquence, la question de savoir s’il faut croire ou non en une renaissance après la mort ne se pose pas, car le seul fait que l’esprit, ou l’âme, puisse exister sans le corps, qu’il y ait déjà eu « incarnation » avant que la mort ne survienne au terme d’une vie corporelle, pose l’évidence d’une possible réincarnation.


La réincarnation… de corps en corps

L’essentiel est dit dès lors que l’on a compris que le seul fait d’évoquer le phénomène d’incarnation induit la réincarnation.
Il n’y a aucun obstacle majeur à ce que l’être spirituel, en fonction de sa nature, de l’énergie et des vibrations qui l’animent et qu’il irradie, du souffle vital qu’il a insufflé à une enveloppe charnelle en s’étant incarné dans un corps avant de le quitter, puisse à nouveau reproduire les étapes successives d’une nouvelle incarnation.
Le phénomène d’incorporation, directement lié à l’évolution spirituelle de l’être qui s’incarne, peut donc être renouvelé aussi souvent et longtemps que nécessaire. Le processus d’incarnation-désincarnation-réin­carnation pourra ainsi perdurer au fil du temps, enchaînant les phases visibles et non visibles d’une existence passant « de corps en corps », continuant à assumer ce qui s’inscrit dans sa trajectoire pour accomplir ce qui doit l’être.


Un autre « cheminement existentiel »

Prendre conscience de ce cheminement existentiel hors normes, autrement plus complexe que celui auquel on a été habitué, nous conduit immanquablement à envisager ce que nous appelions la vie et la mort sous un nouvel angle, à la fois déconcertant car il bouscule nos anciennes certitudes, et fascinant lorsqu’il laisse entrevoir une réalité qui dépasse largement nos croyances passées.

Sans remettre en question le fonctionnement biologique de notre corps qui, sur le plan terrestre, demeure le support majeur de notre vie au quotidien, il en « désacralise » en partie le rôle lorsqu’il le considère comme une simple étape dans l’évolution d’un être spirituel immatériel.

Il devient alors nécessaire d’appréhender plus précisément le contexte global dans lequel des transferts d’énergie et de vibrations d’un corps à un autre, entrecoupés de phases « non visibles », se produisent et lèvent le voile sur une longévité existentielle jusque-là insoupçonnée.

Les théories sur la réincarnation accompagnées d’une définition revisitée de l’univers dans lequel nous évoluons sont nombreuses, ainsi que nous le verrons dans un prochain chapitre.

À toutes les époques, sur tous les continents, dans toutes les ethnies et communautés, on a longuement répertorié les phénomènes, codifié le passage d’une vie à une autre, scrupuleusement transmis oralement ou par écrit ce que les initiés avaient perçu du transfert d’une âme entre deux « véhicules corporels », soulignant les liens subtils qui en établissaient sans détour la filiation.

Aujourd’hui, force est de constater que c’est encore et toujours ce qui se passe hors incarnation qui interpelle – fascine, parfois – et suscite nombre d’interrogations. Qui dit « réincarnation » sous-entend un laps de temps variable entre la mort corporelle mettant fin à une incarnation et le fait que l’être spirituel intègre un nouveau corps.

Cette part invisible d’une trajectoire existentielle en vient à porter un éclairage nouveau sur le sens véritable de l’existence humaine, qui d’un coup franchit l’obstacle majeur que représentait jusqu’alors la mort corporelle et laisse entrevoir pour tout être humain un avenir lumineux, de renaissance en renaissance.

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