Lieux insolites pour exprimer sa libido

Lieux insolites pour exprimer sa libido

De tous les fantasmes, le fait d’avoir une relation sexuelle dans un lieu insolite est peut-être le plus courant. Flirtant avec l’interdit, l’exhibitionnisme et le passage à l’acte, il semble être au carrefour de plusieurs de nos désirs. Comment naît ce fantasme ? Qu’est-ce qui s’y joue ?

Désirs sexuels et fantasmes

La libido n’est jamais totalement au repos, tout au plus est-elle en veille. Elle est toujours prête à s’activer lorsque certains éléments qui participent des fantasmes se présentent à elle. Si des situations ou des objets proches des scénarios inconscients sont perçus, cette quantité d’énergie d’origine sexuelle va imprimer une poussée importante sur le psychisme et le corps. La découverte d’un lieu, une configuration inconnue peuvent alors entrer en résonnance avec les désirs. Dès lors, ils sont intégrés à la narration fantasmatique et entraînent une montée de l’excitation. L’insolite est dans ce cas rattaché au fait qu’hors de toutes prévisions, la zone dans laquelle nous évoluons devient partie prenante de la scène sexuelle.

L’interdit et l’excitation

Bien souvent, dans les lieux inappropriés ou pensés comme inadéquats aux jeux sexuels, il existe une part d’interdit. Ils sont porteurs de représentations excluant la sexualité : espace de travail, lit parental, cabine d’essayage… S’adonner à un acte sexuel dans ces espaces confronte à des proscriptions et s’apparente à une rébellion contre la censure et les figures tutélaires inconscientes. Cette révolte vient nourrir l’expansion de la libido, l’augmentation du désir et par suite, du plaisir. En effet, le désir comporte toujours une dimension transgressive : là où c’est interdit, c’est encore meilleur. De fait, au plaisir lié à l’acte en lui-même se surajoute celui de s’être montré plus fort que ses référents et personnes qui imposent un contrôle.

Un exhibitionnisme inconscient

Maintenant que le scénario s’est dessiné et que la pulsion s’est libérée de ce qui la limitait, percevoir même inconsciemment que l’acte pourrait être dévoilé vient encore optimiser l’excitation. Le risque encouru dans les expériences improvisées fait exister un tiers dans l’imaginaire. Ce tiers peut participer à la scène sexuelle par l’entremise de son regard. Cet exhibitionnisme projeté est très important dans l’entretien de la pulsion. Les acteurs de la scène pensent désormais que leur plaisir peut satisfaire d’autres protagonistes. Ils sont par le fantasme en position d’être des initiateurs du désir de l’autre. De plus, ils s’affirment comme des individus sexués et sexuels. Implicitement, ils formulent en direction du voyeur qu’ils lui sont supérieurs, fiers de leur exhibition.

L’expression de la liberté sexuelle

Quand le passage à l’acte de déroule dans un lieu insolite, il est l’expression de la liberté. Or celle-ci se restreint de plus en plus dans nos sociétés contemporaines. Derrière, une apparente libéralisation des mœurs, nous pouvons saisir combien tout est désormais codifié, notamment en matière de sexualité. Les standards du « bien jouir » sonnent comme des prescriptions dont il ne faudrait pas s’écarter. L’uniformisation des pratiques et des expressions de la sexualité devient monnaie courante. Réintégrer de l’imprévu et de l’insolite dans la sexualité exprime une certaine animalité et rompt avec l’intellectualisation. Nous actualisons ainsi les prophéties des mouvements libertaires des années 1970 qui prônaient une sexualité hors de toute normativité et allant au seul gré des désirs et fantasmes.

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