Reconnexion aux écrans intérieurs

Reconnexion aux écrans intérieurs

A l’ère du renouveau, la marche générationnelle n’a jamais été aussi haute. Les enfants défiant toutes les lois de la virtualité nous montrent de nouvelles voies… Et nous, grandes personnes pleines de savoir et d’expériences, qu’avons-nous à réinventer pour nous reconnecter à eux, à nous, à notre profonde humanité ?

Les nouveaux enfants, ces p’tits mutants accros aux écrans.

Dès leur plus jeune âge, ils s’échappent par ces multiples fenêtres ouvertes sur le monde, sources de jeux et de communication illimitée. Ils ont davantage accès à la diversité, aux apprentissages intuitifs, et à une vision de plus en plus complexe. En même temps, ils y sont exagérément exposés, trop jeunes, au détriment d’autres activités, et malgré les risques bien connus pour le corps et l’esprit. A cette époque du «tout, tout de suite, tout le temps», comment accompagner sans contradiction, cette génération qui «zappe, tweete et tchate» jour et nuit, à la fois captivée et sur-sollicitée ? Sans doute en fixant des règles, pour prendre soin des besoins et capacités liés à chaque âge. Peut-être en s’intéressant à ce qui advient de merveilleux à travers eux, dans cette période de transformation. Mais aussi en innovant, à partir d’expériences de développement personnel, plus archaïques et bien naturelles, comme marcher pied nus dans la nature, respirer… et rêver…

Et si ont leur montrait l’accès illimité à leur écran intérieur ?

En animant il y a quelques jours mon dernier atelier de parole, j’écoutais avec un certain étonnement teinté d’admiration, un jeune « youtubeur » de 7 ans, partageant sa joie d’avoir un grand nombre de « vues » sur son dernier « live » ! Pour proposer au groupe un moment d’intériorité, je leur ai demandé alors s’ils avaient un écran à l’intérieur ? Avec des logiciels gratuits pour activer leur imaginaire ? Des applications pour partager leurs ressentis et leurs rêveries ? Après les rires, ce fut une mise en pratique tâtonnante, pour oser fermer les paupières, et observer, dans la lenteur du temps qui s’écoule, tout ce qui ne se voit pas les yeux ouverts. Dans une école ou tout autre milieu éducatif, cela tient de l’extraordinaire que d’autoriser et de valoriser, cette action ordinaire qu’est le rêve.

Rêver ensemble, c’est sortir de l’ordre établi pour entrer en zone de magie !

Les jeunes sont moins sur-adaptés aux vieux systèmes que leurs aînés, et pourtant ils subissent aussi les tensions des divers rapports de force, installés dans nos sociétés de plus en plus complexes. L’être humain reste naturellement affectif et social, il a besoin à la fois d’explorer ses profondeurs intérieures et de tisser des relations sincères. L’imaginaire aide à mettre de la distance face aux émotions difficiles, à découvrir des ressources dans le monde onirique de l’inconscient, et à mettre des mots sur les maux. Donner aux nouveaux enfants le droit de rêver leurs propres rêves pour les réaliser, est un enjeu majeur, à l’ère d’une humanité qui se rêve plus humaine, et dont ils sont déjà les principaux acteurs.

Par Isabelle De Lisle, auteure du coffret/Jeu La Parole Magique à paraître aux éditions le Souffle d’Or le 22/10/2019

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